L’Armée du crime

De Robert Guédiguian

France, 2h19, 2008.
Sélection officielle Festival de Cannes 2009, hors compétition.

Sortie en France le 16 septembre 2009.

avec Simon Abkarian, Virginie Ledoyen, Robinson Stévenin, Lola Naymark, Ariane Ascaride, Grégoire Leprince-Ringuet, Jean-Pierre Daroussin.

Fresque romanesque et dramatique sur un groupe de résistants français pendant la Seconde guerre mondiale, ce film est un témoignage bouleversant sur ceux qui ont donné leur vie pour changer le monde et le cours de l’Histoire.

crime3.jpgDélaissant les quartiers populaires de Marseille où il avait ancré ses premiers films, Robert Guédiguian part à  la recherche de ses racines arméniennes. En 2006, avec Le Voyage en Arménie, il posait un regard à  la fois mélancolique et interrogateur sur ce qui peut relier un être humain à  cette part inconnue de lui-même qu’il a reçu en héritage par ses parents. Dans L’Armée du crime, cette part intimiste du réalisateur semble avoir disparue.

Vaste fresque historique, elle retrace le destin d’un groupe de résistants français et communistes pendant la Seconde guerre mondiale. Il était dirigé par Missak Manouchian et composé de combattants d’origines diverses. Tourné avec un budget bien supérieur à  ceux dont il a l’habitude, le réalisateur a pu réaliser un film grand public, dans le bon sens du terme, c’est-à -dire un œuvre nécessaire avec des moyens techniques à  sa disposition. Que ce soit dans la reconstitution du Paris des années 1940 ou dans la distribution artistique (Simon Abkarian, Virginie Ledoyen ou Robin Stévenin), L’Armée du crime est un film fluide et émouvant. A tel point qu’on a parfois du mal à  retrouver la « pâte » Guédiguian.

Pourtant, comme il le dit lui-même : « L’Arménien Manouchian, l’occupation allemande (ma mère est née en Allemagne), et le communisme, ces trois éléments réunis me touchaient sans doute de trop près. Depuis que je suis né, j’ai toujours entendu parler de Manouchian. Il fait partie du Panthéon des grands héros résistants communistes. Je me souviens en particulier d’avoir lu quand j’étais gamin la lettre qu’il a écrite avant de mourir. Que Manouchian y dise « Je meurs sans haine pour le peuple allemand » me réconfortait sur mes deux origines et sur l’humanité en général. »crime2.jpg

Si le plaisir d’un grand cinéma populaire et généreux est bien là , on pourra toutefois regretter que le réalisateur, tout à  la narration d’un épisode historique et à  la transmission d’un témoignage, n’ait pu donner plus de sens à  son film. Le film montre des jeunes gens qui risquent leur vie (et la plupart d’entre eux en sont morts) pour un idéal commun mais il ne pose pas vraiment la question du sens profond de cet engagement, de cette entrée en résistance. Certes, les figures sont suffisamment romanesques pour qu’on y adhère complètement mais rien ne nous permet de le comprendre vraiment, si ce n’est notre propre connaissance de cette période de l’Histoire.

Magali Van Reeth

Signis

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