Bird People

de Pascale Ferran

France, 2013, 2h07

Festival de Cannes 2014, sélection Un Certain Regard

Sortie en France le 4 juin 2014.

avec Anaïs Demoustier, Josh Charles.

Mélangeant plusieurs genres de cinéma, et ayant pour décor un aéroport international, un film sur la solitude contemporaine, où les envolées sont magiques.

à‡a commence comme un documentaire, dans les transports en commun parisiens. La caméra passe d’un passager à  l’autre sans qu’on reconnaisse un acteur, sans intention de récit. Avec une grande liberté, comme on n’a plus l’habitude de voir depuis que les réglementations sur le droit à  l’image empêchent les photographes et les réalisateurs de saisir le quotidien, la vraie vie. En prenant le métro et le RER, on arrive à  cet aéroport international que tous les Français appellent Roissy alors que les étrangers le connaissent sous le nom de Charles de Gaulle… 286024_0071f5779b8a8d0b3128f4df2e3043c1.jpg

Juste au moment où on se sent un peu désorienté de ne pas être dans une fiction, le ton du film change et nous voici dans le chapitre Gary. Un Américain au visage doux, d’une quarantaine d’années, venu pour une réunion. Quelques heures avant de reprendre l’avion suivant pour une autre réunion dans un autre pays, il décide de rester. A l’hôtel, dans ce pays-là , dans cet instant-là . Le chapitre suivant est celui d’Audrey, et là  encore, le ton du film change. Audrey est une étudiante qui a abandonné la fac et fait des ménages dans un grand hôtel de l’aéroport. Elle n’a pas de vrai projet, pas d’amoureux, très peu de vie sociale. Mais une nuit, comme Cendrillon, elle va vivre des moments magiques et irréels.

Pascale Ferran revendique le côté hybride de ce film, tour à  tour documentaire, fiction et conte de fées, où les solitudes des personnages et des passants se croisent sans se rencontrer. A l’image du trafic incessant des avions, qui décollent et atterrissent sans jamais se toucher. Comme de gros insectes métalliques, ils suivent les lumières de la piste. Gary refuse un jour de rester « sur la piste », Audrey un soir « s’envolera » pour découvrir le monde autrement.

Mélange de genres, le film effleure sans les briser les mystères du monde actuel, sachant reconnaître la poésie d’un artiste peintre, la fureur croisée dans un wagon de métro, la pudeur d’un homme qui dort dans sa voiture, l’indifférence de ceux qui ne disent pas bonjour, le rire d’une collègue. Tout est réel, tout est mise en scène. A l’image de la dernière scène, comme au cinéma, une poignée de mains spontanée, souriante, où rien n’est figé, où le spectateur pense que tout est possible.286024_3419eb4814a51cda1c2e29e4f0b8676c.jpg

Comme pour son précédent long-métrage, Lady Chatterley (2006), Pascale Ferran a travaillé avec le chef opérateur Julien Hirsh. Cet artisan de la lumière est aussi à  l’aise dans la fiction en costume que dans le pseudo-documentaire. Il sait rendre magique une nuit à  l’aéroport, terrifiant un couloir d’hôtel, espiègle l’œil d’un moineau. Très bien interprétés par Anaïs Demoustier et Josh Charles, Bird People est un film aussi déroutant que charmant.

Magali Van Reeth

SIGNIS

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