« La vie des gens »

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Documentaire français 2015 de Olivier Ducray – 1h25

Pour compléter le dimanche de la santé du 8 février, organisé sur le thème « Fragiles et vivants » on peut recommander un film documentaire « La vie des gens » qui a été projeté en avant première en présence de l’équipe du film au cinema « Comoedia », lundi 23 Février à  20H 45.

La vie des gens suit Françoise, une infirmière libérale qui traverse Lyon sur sa petite trottinette au chevet de ses malades, en grande partie des personnes âgées. Confidente, soignante, attentive mais jamais larmoyante, elle insuffle à  ce documentaire son regard positif, amoureux de la vie et des autres.

Si la ville de Lyon resplendit sous l’œil de la caméra d’Olivier Ducray, le quotidien des visites de Françoise nous est donné tel qu’elle le vit : il y a à  la fois la réalité des difficultés de ces vieillards confrontés à  la maladie, à  la diminution de leurs forces, la prise de médicaments mais aussi l’intensité de leur regard qui en dit tellement long sur leur demande d’un brin de conversation, d’une attention particulière, une façon d’être encore considérés comme des êtes en vie …

Si on regrette parfois un peu l’omniprésence de Françoise : « Je suis bavarde, je suis bavarde ! » avoue-telle entre deux visites, « C’est une étoile filante » ajoute une de ces patientes, il faut reconnaître la vitalité, l’attention jamais fabriquée de cette infirmière aux longues années de pratique. Elle aime ces vieillards, ne leur fait jamais espérer une amélioration si ce n’est pas vrai. Son désir : les emmener jusqu’au bout, jusqu’au bout de leur vie en restant chez eux, comme ils le souhaitent.

Les scènes sont courtes, mais si justes, si fortes, si vraies qu’elles provoquent en nous plein de sentiments. L’admiration pour la disponibilité de ces soignants, leur investissement mais aussi et surtout une profonde empathie pour toutes ces personnes âgées qui ont accepté d’être filmées chez eux. Pas de voyeurisme, de vol de leur intimité mais des moments d’une grande lucidité sur le temps qui s’en va, la maladie qui gagne, le sentiment d’être exclu du monde social quand une grande partie des journées se passe seuls, même si certains sont encore en couple.

Celui qui est en meilleure forme regarde avec tendresse, tristesse et déchirement l’autre peu à  peu « quitter » la réalité de leur vie de couple. Françoise est là  pour accompagner, soutenir, « être là  ».
On se rappellera la complicité rieuse d’un couple alors que la cécité gagne l’épouse, un monsieur digne dans un appartement bourgeois avouant d’une voix douce « On ne devrait pas vieillir », une truculente « bobonne », aux jambes bien abîmées blaguant et apostrophant son infirmière malgré une mâchoire édentée.

Ce film n’apprendra rien à  tous ceux qui vivent ces difficiles années de fin de vie d’un proche mais il témoignera que ces moments là  sont si précieux à  préserver, à  partager, à  la fois pour ceux qui souffrent mais aussi pour ceux qui les accompagnent. « Fragiles et vivants » était le thème du dernier dimanche de la Pastorale de la santé. Et c’est bien vrai. L’humanité de l’homme est là  jusqu’au bout.

Un petit regret. Françoise défend l’idée de rester chez soi pour mourir. Mais si certains ont encore la chance d’avoir un conjoint ou la visite de proches, le film montre l’immense solitude de ceux qui sont vraiment seuls. Dans ces cas-là , un encadrement collectif adapté ne serait-il pas meilleur ?

Il a été tourné à  Lyon durant une année en accompagnant une infirmière dans son travail auprès des personnes âgées.
Il sortira le 4 Mars.

[->http://www.cinema-comoedia.com/film/68571]

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