Les merveilles

de Alice Rohrwacher

avec Maria Lungu, Alba Rohwacher. Sam Louwyck.
(Italien 1h51).

Grand Prix au Festival de Cannes 2014.

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Une chronique douce amère sur la vie utopique d’une famille d’apiculteurs dans une ferme en Ombrie..Entre rêve et réalité.

Ce filma a obtenu le Grand Prix au dernier Festival de Cannes et pourtant l’on ressort perplexe de la projection.
La jeune réalisatrice, Alice Rochwacher, auteur de « Y aura-t-il de la neige à  Noël ? » brosse le portrait d’une famille d’apiculteurs installée dans une maison délabrée de la région de l’Ombrie en Italie.

Le père, fort en gueule et sûr de ses idées utopistes règne sur sa tribu (une épouse et 4 filles). Chez lui, Il y a bien quelques règles mais elles sont surtout en opposition à  celles de la société. Les fillettes se débrouillent comme elles peuvent entre virées sur la plage, jeux dans la campagne et aide au père pour s’occuper des ruches. Gelsomina l’aînée, (prénom prédestiné !), jeune adolescente, semble veiller sur cette famille et montrer un sens des réalités plus aiguisé que celui de son père.

On ne sait d’où vient le plus grand danger : des abeilles qui entourent par centaines Gelsomina près des ruches, de l’autoritarisme de son père ou des tentations de la société !
Anxieuse, la jeune fille écoute souvent derrière la porte de la chambre de ses parents de peur de sentir sa mère en danger.. Le père est si imprévisible.

L’adolescente voudrait bien aider la famille qui tire le diable par la queue. Une émission de télé-réalité vient de poser ses caméras, à  proximité. Elle s’inscrit au concours du « Village des Merveilles » ces traditions locales que la télévision veut récompenser comme les chants traditionnels des grands-mères ou ce miel que récolte sa famille.

Gésolmina ne gagnera pas le jeu TV et cette séquence en carton pâte viendra sonner le glas des illusions de la fillette et de son père. «Tout ne s’achète pas » aura-t-il beau dire maladroitement aux caméras de TV… Il faut bien nourrir sa famille pourtant. Ses idéaux de vivre en marge ont fait long feu.

Même cette séquence TV avec rires et poésie factices semble aussi sonner la fin d’une certaine forme de comédie à  l’italienne.

Alice Rohrwacher laisse la bride sur le cou à  la caméra qui rend bien à  l’écran la vie de cette famille sans contraintes : la mère se balade assez dévêtue, les filles pataugent pieds nus dans les flaques, le père dort à  la belle étoile sur un matelas. Maria Lungu campe une Gelsomina avec une force de caractère peu commune. Alba Rohrwacher, la sœur de la réalisatrice au visage accrocheur, joue le rôle de la mère, fataliste et effacée. Sam Louwyck promène sa longue silhouette de baba cool désemparé….

La dernière image montre la ferme délabrée vide de ses occupants. Vide du climat poétique, loufoque et libertaire qui la remplissait. Comme si le film n’avait été qu’une longue rêverie de ses habitants.
Une rêverie qu’on n’aura pas tout à  fait partagée durant près de deux heures de film

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