Chroniques cinéma – « Une belle fin »

de Uberto Pasolini

avec Eddie Marsan

Comédie dramatique ( Royaume Uni) 2013. 1H32.

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Un film subtil et profond sur l’accompagnement à  leur dernière demeure de ceux qui sont « sans familles ».Une belle réflexion sur le prix de la vie, nos liens aux autres. Et une fin quasi évangélique.

John May, donne tout son temps à  son travail : trouver les familles de ceux qui décèdent seuls, sans parents. Avant de procéder à  la crémation, il fait tout son possible pour retrouver un parent éloigné. Et s’il n’y a personne à  l’enterrement, il y va, seul, écrivant même au pasteur l’éloge funèbre du défunt ! Cette tâche lui convient, lui qui vit seul, sans famille, dans un immeuble pour célibataires. Méticuleux, ordonné jusqu’à  la maniaquerie, introverti. Toutes ces vies qui défilent sous ses yeux remplissent sa solitude.

Oui, mais voilà  cet attachement à  bien faire son travail ne fait pas l’affaire de son chef qui le trouve trop lent. Il prend prétexte d’une restructuration pour lui annoncer son licenciement. John May n’a que quelques jours pour retrouver la famille de son dernier « défunt » Billy Stoke, qui habitait dans le même immeuble que lui. Et c’est dans un vrai jeu de piste que John May va se lancer à  la recherche des amis, de l’amie , de la fille de ce pauvre Billy Stoke, mort seul, après une vie cassée entre petits boulots, vie de clochard et prison..John May ressent un certain attachement pour ce mort qu’il n’a pourtant pas connu.

La fin (que je ne dévoilerais pas) est inattendue mais une très belle trouvaille du scénariste. Elle donne à  l’ensemble de l’histoire toute sa dimension morale et .évangélique.

Car comment mieux illustrer l’amour pour les autres et la communion des saints ?

Voilà  un beau film, subtil, délicat qui parle d’un sujet que l’on préfère ne pas trop voir. Comment sont accompagnés jusqu’à  leur dernière demeure ceux qui n’ont plus de famille ?

John May, ce doux célibataire solitaire, se retrouve un peu dans tous ces êtres dont il s’est occupé et dont il conserve les photos. C’est comme s’ils composaient sa famille. Eddie Marsan, comédien britannique donne à  son personnage une dimension à  la fois lunaire et compassionnelle.

La première partie du film se déroule méthodiquement au rythme des activités répétitives de John May, dans une ville de Londres un peu grise. Le décor de son appartement est minimaliste, son intérieur sans poussière est si bien ordonné.

Puis peu à  peu, John May part à  la rencontre des amis et de la vie brinquebalante de Billy Stoke : son emploi du temps est moins strict, le paysage prend de la couleur, John May risque même un sourire et un sentiment affectueux vis-à -vis de la fille de Billy Stoke. A leur contact, sa vie monotone, réduite à  ce bureau de fonctionnaire va s’humaniser. John enlève sa cravate, enfile un joli pull bleu..

Oui, il côtoie la mort tous les jours, mais cet univers des funérailles, ce qu’il a semé, vont lui apporter contre toute attente la plus jolie fin de vie qu’il pouvait imaginer.

Recevoir des autres à  la mesure de ce qu’il avait donné

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