Chronique cinéma – Mon maître d’école

d’Emilie Thérond.

Documentaire français 1h22.

Un joli film plein de tendresse et de fines observations sur la dernière année d’un maître d’école filmée par une de ses anciennes élèves. De savoureux portraits d’enfants aussi.

Jean-Paul Burel a fait sa 1ère rentrée en 1972. Quarante ans plus tard, il entame sa dernière année d’enseignant, là  où il a fait toute sa carrière : St Just et Vaquières, une petite commune de 300 habitants dans le Gard avec son église et son temple.
Il y a quelques années, il a eu pour élève une petite fille, Emilie Thérond. Celle-ci, devenue adulte et réalisatrice est revenue au village. Apprenant le départ en retraite de son ancien maître d’école, elle décide alors de le filmer. Et voilà  quelques mois plus tard : « Mon maître d’école ».

C’est un peu à  ce qui n’existera plus qu’Emilie Thérond rend hommage : être instituteur d’une classe à  plusieurs niveaux (CE2, CM1-CM2) et ne pas bouger depuis sa première affectation.
Jean-Paul Burel est l’exemple parfait de ces jeunes gens sortis de l’Ecole Normale comme on disait encore, passionné par le contact avec les enfants, son envie de leur transmettre des connaissances mais aussi, l’éducation sociale et citoyenne de l’élève, la tolérance, la solidarité.
Dans ce film qui balaie 9 mois de classe, de l’automne à  l’été, Jean-Paul Burel navigue sans cesse entre les notions scolaires qu’il doit enseigner, rabâcher : l’accord des verbes, la complexité du dividende de la division (!) l’art du texte libre et l’apprentissage du vivre ensemble entre les difficultés de l’intégration du petit nouveau, la découverte des mots qui font mal, ou le plaisir de s’amuser dans les arbres..

Ce maître d’école, comme on l’a souvent rêvé a le métier chevillé au cœur mais plus encore l’amour de ses élèves. Car tout autant que lui, ce sont eux qui sont au cœur de ce documentaire.
Ils ont 10-11 ans, la vie devant eux mais déjà  l’on voit poindre celui qui est fâché avec l’orthographe, celle qui manie facilement les apprentissages, la tête brûlée de la classe, ou celui qui n’arrive pas bien à  lire mais sait si bien jouer le rôle de Knock de Jules Romains.
Tous sont uniques et riches de leurs différences et de leurs possibilités.

Emilie Thérond nous offre un film passerelle entre la petite fille qu’elle fut et la réalisatrice qu’elle est devenue. C’est à  hauteur d’enfant qu’elle filme, sans pathos ni grand discours sur l’éducation.
Jean Paul Burel est un artisan pédagogue, sa classe perdue entre vignes et oliviers fait rêver mais elle montre à  quel point les mots, les actes posés par l’adulte marquent si fort ce temps de l’enfance. La dernière séquence est inévitablement très émouvante ; c’est celle de la dernière sortie de la dernière journée de classe. JP Burel, malgré son expérience et la maitrise de son métier ne peut contenir son émotion.
Et c’est aussi toute l’évolution de l’école à  la campagne que la réalisatrice laisse entrevoir. Une classe vide à  côté de celle de l’instituteur, sans doute celle des petits qui sont partis, regroupés dans un autre village. La remplaçante de Jean Paul Burel est une femme .enceinte. Un changement notable et une absence qui se profile assurément.
Voilà , c’est fini : il n’y aura plus le même maître à  St Just et Vacquières pendant 40 ans.
Mais « Mon maître d’école » en gardera le souvenir

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19558760&cfilm=241523.html

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