Chronique cinéma – La Passion d’Augustine

de Léa Pool
avec Céline Bonnier, Lysandre Ménard.
Drame canadien (2016) 1h45.

On pense aux Choristes pour le sujet. Mais La passion d’Augustine est un « mélo » tourné sagement qui n’atteint pas le niveau dramatique d’autres films malgré une belle distribution féminine. Les questions religieuses et politiques ne sont qu’effleurées.

Québec, début des années 60. Depuis une quinzaine d’années, Mère Augustine a fait de son « couvent » une formation réputée pour de jeunes pianistes. Elle-même musicienne, elle n’a de passion que pour déceler et amener des jeunes filles à  préparer un concours régional.
Elle se voit confier sa nièce, Alice, jeune fille rebelle mais qui n’en a pas moins un réel talent pour le piano et l’improvisation « jazzy ».
Au Québec pourtant, dans ces années de la « révolution tranquille » une autre révolution se profile : le gouvernement reprend le secteur de l’éducation et enlève aux congrégations religieuses la possibilité de continuer à  assurer leur mission enseignante.
C’est le combat de Mère Augustine contre cette décision qui est l’enjeu du film. Pour rien au monde, elle ne veut abandonner ses jeunes élèves et la responsabilité qu’elle a de les amener à  être de bonnes interprètes. D’autant que la « Générale » de son ordre ne l’entend pas ainsi et souhaite vendre le couvent. Toutes deux vont alors s’affronter.

A lire l’histoire on pense inévitablement aux « Choristes » dans le registre dramatique ou à  Sister Act dans un domaine plus comique. La Passion d’Augustine n’atteint jamais ni l’un ni l’autre.
Bien sûr, on retrouve quelques veines amusantes de la jeune sœur un peu délurée ou plus sérieuses comme celles de l’enseignante de français attachée aux règles de grammaire. Mais ce sont des partis pris attendus comme l’est le parallèle entre l’histoire de la tante et celle de la nièce.

Le film est un livre de belles images, et parfois très belles, que l’on tourne sagement. Et pour ce qui est du scénario, si Vatican II a été une rupture et un mouvement de renouveau dans toute l’Eglise il ne peut se résumer à  l’utilisation de guitares à  la messe ou d’habits plus simples pour les religieuses. C’est en revanche la séquence la plus émouvante du film lorsque les religieuses enlèvent voiles et coiffes se sentant soudain « presque nues ».

On comprend que ce film ait eu du succès au Québec car il a permis à  toute une génération de retrouver ses souvenirs d’adolescence avec les dortoirs collectifs, les prières récitées ensemble, les règlements intérieurs.
Mais le traitement très mélo de cette Passion d’Augustine affadit le film.

Les problèmes du fait religieux face au monde moderne aurait pu apporter d’autres réflexions plus approfondies et actuelles. Elles ne sont qu’effleurées. Il n’est jamais question dans le film de la foi des jeunes filles ou mêmes de celle des sœurs et le politique est pratiquement absent.
Restent un duo-duel entre la « Générale de l’Ordre » et une Augustine entrée au couvent par défaut, un éveil musical déjà  vu ailleurs et une belle distribution féminine avec en tête Céline Bonnier, qui joue d’une manière très juste et convaincante Augustine.

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19560216&cfilm=238250.html

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