Corps et âme

Corps et âme

Un film de Ildiko Enyedi

Hongrie – 2017 – 1 H 56

Ours d’Or et Prix du Jury Oecuménique lors de la Berlinale 2017, Corps et âme arrive sur les écrans français. Prix parfaitement justifiés, tant le film constitue une complète réussite !

Réussite sur le plan esthétique, avec une photographie splendide de Maté Herbai, particulièrement bien mise en valeur par le format scope. Le découpage et le montage, le choix des couleurs et de la musique sont très soignés, donnant beaucoup de beauté formelle et de dynamisme à un film plutôt intimiste. On remarque et on admire tout particulièrement avec quelle précision et quel soin sont filmés les corps, ceux des femmes, des hommes et des animaux, mais aussi chaque détail des visages, et le moindre objet du quotidien.

Cet art consommé du beau cinéma, Ildiko Enyedi, scénariste et réalisatrice, le met au service d’une histoire d’amour où vont se mêler, avec beaucoup d’adresse et de savoir-faire, rêve et réalité.

Ildiko Enyedi

La réalité est celle d’un abattoir de bovins, où se croisent Endre, le directeur, et Maria, la contrôleuse qualité. Il apparait très vite que tous deux sont des personnes à la marge, lui handicapé par un bras gauche paralysé, elle scrupuleusement et outrageusement méticuleuse et pointilleuse, et qui semble avoir gardé une part d’enfance dans un corps d’adulte.

A la suite d’un évènement fortuit survenu dans l’abattoir, Maria et Endre vont découvrir que leurs nuits sont occupés par des rêves semblables, elle prenant l’apparence d’une biche, lui l’apparence d’un cerf.

Le film décrit avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, le parcours de la femme et de l’homme, après la découverte étonnante de ces rêves identiques, et le combat intérieur qu’ils doivent mener pour accepter ou refuser que l’imaginaire de leurs nuits se concrétise dans la réalité de leurs jours.

Le choix des comédiens, tous parfaits, est très judicieux, avec Alexandra Borbély dans le rôle de Maria, belle jeune femme à la blondeur diaphane et au sourire triste, et Geza Morcsanyi dans le rôle de Endre, âge mûr, physique raide, visage sévère en partie masqué par un barbe grisonnante.

Alexandra Borbely

Geza Morcsanyi

La fin du film est particulièrement réussie, avec une dernière image de la forêt enneigée, mais d’où ont disparu les beaux animaux qui l’habitaient. Elle nous laisse comprendre et imaginer ce que pourront être les nouvelles relations de Maria et d’Endre, aussi bien dans leurs rêves, que dans la réalité de leurs vies.

Pierre QUELIN.

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