L’Ecole de la vie

L’Ecole de la vie

Un film de Maite Alberdi – Chili – 2016 – 1 h 22

S’agit-il d’un simple documentaire ? Ou s’agit-il d’un film de fiction avec un très fort contenu documentaire ? Il est permis de s’interroger, car il semble que la réalisatrice ait voulu scénariser son film, discrètement certes, au travers du fil rouge représenté par l’amitié et l’amour qui unissent Anita et Andres.

Anita et Andres sont porteurs de la maladie de Down. (C’est la trisomie 21, très longtemps appelée mongolisme). Ils sont employés avec d’autres personnes de tous âges, malades, handicapées elles aussi, dans un atelier gastronomique où sont confectionnées des pâtisseries. Nous suivons leur vie quotidienne au travail, mais aussi ponctuellement, à l’extérieur de l’atelier.

Les paroles qui sont échangées entre tous sont très riches de sens, traduisant des joies, mais aussi et surtout les souffrances de ne pas être comme tout le monde, de ne pas avoir un vrai travail rémunérateur, de ne pas pouvoir se marier et fonder une famille. En un mot, souffrance d’être totalement dépendant.

Les conversations et les réflexions de chacun, sont souvent empreintes de beaucoup d’humour, mais suscitent aussi de vraies émotions face aux détresses et et aux ressentis exprimés parfois maladroitement, avec les seuls mots que permet le handicap.

Fil rouge donc, avec le récit des amours entre Anita et Andres, débouchant sur un ardent désir de mariage, alors que tout devrait conduire à renoncer à ce projet bien utopique.

Beaucoup de films, documentaires ou fictions, se sont intéressés aux personnes handicapées. On se souvient du Huitième Jour de Jaco van Dormael, de Rain Man de Barry Levinson, de Miracle en Alabama d’Arthur Penn, pour s’en tenir à quelques fictions de belle qualité.

Dans l’Ecole de la vie, la réalisatrice a choisi de ne montrer que les personnes handicapées. Celles et eux qui les accompagnent et qui les suivent, ne sont vus que très furtivement, ou dans un flou d’arrière-plan. Une exception avec les résidentes d’une maison de retraite où travaille l’une des personnes de l’atelier. Cela peut laisser entendre que Maite Alberdi veut nous montrer que les handicapés et les personnes âgés partagent une même situation d’exclusion, et sont donc à regarder de la même façon dans son film et dans la vraie vie: en clair, en pleine lumière !

Le film ne pratique jamais la langue de bois ou le « politiquement correct », ce qui contribue à lui donner toute sa force et toute sa vérité. Vérité pas toujours facile à entendre face au handicap, mais qu’il est indispensable d’écouter au Chili, mais aussi chez nous, en France.

Concluons en remarquant que les pâtisseries fabriquées par les personnes handicapées dans cet atelier gastronomique, sont vraiment très appétissantes !

Pierre QUELIN.

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