Cinéma – Hors normes

Un film d’Olivier Nakache et Eric Toledano – France – 2019 – 1 h 54

La réussite de ce film tient à un savant mélange de genres, qui ne nuit jamais à son unité et à sa parfaite lisibilité.

Film de fiction très scénarisé, Hors normes se présente aussi comme un très riche et passionnant documentaire sur le monde du handicap, et sur les difficultés de nombreuses prises en charge.

Vrai divertissement, Hors normes sait aussi prendre des accents très sérieux, graves même, pour se présenter, en particulier dans  sa conclusion, comme un véritable film militant.

Mélange des genres, encore, avec un ton souvent très humoristique, et des moments de véritable émotion. Dans ce film, l’humour comme l’émotion sont toujours très retenus, évitant les ricanements si chers à trop d’humoristes, et ne tombant  jamais dans un registre de mauvais mélodrame, vers lequel le sujet du film aurait pu conduire.

Ce sujet, c’est l’histoire de deux associations qui prennent en charge de jeunes autistes, adolescents ou déjà adultes lourdement handicapés, et tellement difficiles à gérer que nombre de structures d’accueil officielles et reconnues choisissent de ne pas s’en occuper. Prise en charge largement à la limite de la légalité, en raison des modes de fonctionnement de ces associations: personnel non diplômé, locaux d’accueil inadaptés, gestion financière très approximative…

Pour nous conduire et nous guider dans ce monde du handicap, monde souvent très mal connu parce que l’on ne le voit pas ou que l’on ne souhaite pas le voir, les réalisateurs s’attachent aux pas de deux jeunes autistes, Joseph et Valentin, pris en charge dans chacune des deux associations, et dont s’occupent tout particulièrement Bruno et Malik, les responsables de chacune de ces deux structures.

Au travers des pérégrinations de ces quatre personnages, nous découvrons tout un monde où se croisent les malades, celles et ceux qui les accompagnent, les personnels des services hospitaliers (Excellente Catherine Mouchet en médecin débordant de douceur et d’humanité), les inspecteurs des services sociaux de l’Etat, les policiers, les agents de la SNCF…. Un monde souvent très violent, un monde d’échecs et de belles réussites, un monde d’embrouilles et de débrouille, un monde débordant de générosité et d’amour.

Une des grandes qualités du film réside dans sa superbe interprétation, avec 90% des rôles tenus par de véritables autistes, ce qui donne au film une intense vérité, et participe largement à l’émotion qu’il dégage.

En haut de l’affiche, et à leur meilleur, Vincent Cassel (dans un registre auquel il nous a peu habitués), et Reda Kateb (un des comédiens français les plus remarquables), qui endossent avec une totale vraisemblance leurs personnages de directeurs confrontés aux pires difficultés, mais qui réussissent presque toujours à dénouer les situations les plus compliquées, et à trouver les solutions les mieux adaptées dans l’intérêt des jeunes dont ils s’occupent.

Olivier Nakache et Eric Toledano mènent leur film en vrais bons cinéastes. En témoignent leur parfaite direction d’acteurs, mais aussi la vivacité de leur mise en scène, avec un montage très vif et très rythmé. Montage alterné qui conduit d’une association à une autre, d’un personnage à un autre, avec beaucoup de souplesse, ne laissant la place à aucun temps mort. Du bon cinéma.

Une fin un peu trop appuyée et didactique ne parvient pas à altérer l’excellente impression ressentie à la vision de ce film. Film qui sait mettre le handicap en pleine lumière, ménageant moments de légèreté et de gravité, et qui devrait susciter de salutaires prises de conscience chez beaucoup de spectateurs.

Pierre Quelin.

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