Éditorial

Nous voilà en période de « déconfinement » ! Tout le monde semble heureux d’être sorti de ces longues semaines au cours desquelles nous nous sommes retrouvés seuls, seuls face à nous-mêmes! Le silence succéda au bruit. Nous entendions à nouveau les oiseaux. Certains ont bien vécu cette période, d’autres moins bien.

Ce fut, en tout cas, le bon moment, pour se poser les bonnes questions. L’avons-nous fait?

Certains ont pu annoncer que le monde ne serait plus jamais le même… Cela ne me paraît pas évident du tout. Annoncer que tout sera réécrit est, je crois, une douce illusion. D’autres annoncent un « retour à la normale »…, ce qui n’est pas gagné non plus.

Et un retour à l’état antérieur ne serait-il pas la pire des choses ? Car, en effet, le réel est implacable.

Ainsi que le dit Aurélien BARRAU, « le réel, le vrai réel, pas les conventions de l’économie, le réel physique, médical, climatique, biologique, n’est pas soluble dans les astuces publicitaires. » Le monde d’après est imprévisible. Pourtant, la prévision scientifique est extrêmement claire : notre mode de vie habituel est en train de créer ce qu’il faut appeler un « anéantissement biologique global ». C’est le plus grand événement de l’histoire de notre terre. Et pourtant, rien ne change ! Les force politiques qui nous gouvernent sont-elles vraiment capables d’inventer autre chose?

Le metteur en scène Emmanuel DEMARCY-MOTA, qui s’exprimait récemment sur France Culture, rejoignait ces propos en appelant à « ne pas laisser les forces du profit immédiat et les fétichistes du chiffre prendre le dessus dans ce monde chaotique (…). Nous ne sommes pas obligés de laisser au politique le monopole de l’avenir, de sa définition et de sa construction. La culture doit pouvoir répondre aux nouvelles aspirations. »

Et le pape François nous exhorte à opérer une profonde conversion écologique, un changement du cœur : « Le bonheur requiert de savoir limiter certains besoins qui nous abrutissent, en nous rendant ainsi disponibles aux multiples possibilités qu’offre la vie (…). La nature est pleine de mots d’amour, mais comment pourrons-nous les écouter au milieu du bruit constant, de la distraction permanente et anxieuse, ou du culte de l’apparence ? »

Il est temps de penser. La crise sanitaire que nous vivons nous appelle à agir sur le réel qui nous entoure. Osons!

Pierre MOUTARDE, délégué épiscopal Arts, Cultures et Foi

Aurélien BARRAU est professeur d’université, docteur en astrophysique et docteur en philosophie.

Emmanuel DEMARCY-MOTA est metteur en scène et directeur du Théâtre de la Ville de Paris.

Laudato Si’ (Loué sois-tu!), Lettre encyclique du pape François.

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