Chronique cinéma – Médecin de campagne

de Thomas Lilti
avec François Cluzet et Marianne Denicourt
Comédie dramatique française 1h44.

A partir d’un sujet particulier sur la vie d’un médecin de campagne, Thomas Litli en fait une œuvre collective à  la portée sociale. François Cluzet est formidable de vérité.

Voilà  un film qui va avoir du succès car c’est un bon film populaire dans lequel chacun pourra trouver un écho à  sa propre vie. Certes il s’intitule « Médecin de campagne » mais on a tous en mémoire cette image du médecin de famille qui ne comptait pas ses heures, connaissait tout de la vie de ses patients et faisait autant office de médecin que d’assistante sociale, psy ou confesseur.
Thomas Lilti, le réalisateur est lui-même médecin et a déjà  réalisé un 1er long métrage « Hippocrate » sur la vie à  l’hôpital et les premiers pas d’un jeune interne.
Ici, il s’attache à  la médecine du monde rural dont certains territoires vont devenir des déserts médicaux.
Jean-Pierre Werner, le héros de l’histoire exerce dans un petit village de Normandie proche de Pontoise. La cinquantaine, il parcourt depuis 20 ans la campagne, appelé par le paysan qui s’est blessé, l’ancien qui ne veut pas partir à  l’hôpital, la brave épouse qui ploie sous les soucis, la jeune fille en but à  son petit ami qui ne veut pas entendre parler de grossesse. En un mot, les mille et une souffrances que rencontrent les médecins généralistes aujourd’hui. Pourtant c’est sa propre santé qui va stopper ce rythme infernal. Atteint d’une tumeur au cerveau, il doit accepter l’aide d’une jeune femme médecin, Nathalie, envoyée par un de ses amis de l’hôpital où il se fait soigner.

Jean-Pierre a du mal à  accepter cette consœur et la bizute gentiment les premières semaines. Leurs manières de travailler ne sont pas les mêmes et si Jean-Pierre se montre conciliant voire arrangeant, Marianne elle, applique « le protocole » !
Puis, petit à  petit, « Médecin de campagne » qui décrivait fidèlement le quotidien d’un généraliste élargit son propos à  la question sociale du métier de médecin. Dans ces campagnes qui voient partir peu à  peu leurs services publics, maintenir une présence médicale pour un maire relève parfois du parcours du combattant. Des regroupements avec d’autres communes s’avèrent obligatoires. Mais les démarches avec les services compétents sont longues. Et pourtant il en va du lien social et du maintien d’une vie de village. Le rôle des élus est ici crucial.

Médecin de campagne est un film humain, chaleureux, drôle aussi, qui colle au plus près de la réalité. Thomas Lilti connaît bien le sujet et les visites effectuées chez les malades sonnent justes, tout autant que le travail essentiel des aides soignants au village ou celui plus technique du médecin de l’hôpital voisin.
Mais le film doit énormément à  François Cluzet qui se bonifie de film en film. Ici, il ne joue pas le rôle de Jean Pierre Winter, il EST ce médecin dévoré par l’exercice de son métier, l’attention à  ses malades. Il est formidable de vérité… Désarçonné par sa maladie, il se laisse petit à  petit amadouer par Nathalie et l’on sent que sa solitude sera vite combléeMarianne Denicourt, qu’on voit trop peu au cinéma apporte au rôle de la jeune femme médecin sa détermination toute féminine et son regard bleu irrésistible ! Le film aura une fin heureuse.
Médecin de campagne a su allier le romanesque de l’histoire à  l’aspect documentaire du sujet et c’est très plaisant.

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19559578&cfilm=235156.html

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