La Ballade de l’impossible

de Tran Han Hung

Japon, 2010, 2h13

sélection officielle Festival de Venise 2010

Sortie en France le 4 mai 2011.

avec Rinko Kikuchi, Kenichi Matsuyama, Kiko Mizuhara et Kengo Kôra.

Dans des paysages tour à  tour magnifiques et inquiétants, un jeune homme fait le douloureux apprentissage du deuil et de l’amour.

Haruki Murakami est un auteur japonais contemporain très connu, aussi bien dans son pays qu’à  l’étranger. Si La Ballade de l’impossible, paru en 1987, est son roman le plus célèbre, on lui doit aussi Chroniques de l’oiseau à  ressort, Après le tremblement de terre ou Kafka sur le rivage. Son écriture, fluide et élégante, s’ancre dans la réalité japonaise où le thème de la catastrophe est omniprésent. Catastrophe passée, comme celle d’Hiroshima, mais aussi catastrophe à  venir dans un pays vivant toujours dans la crainte du prochain tremblement de terre, comme celui du printemps 2011. Mais si Murakami connaît un tel succès international, c’est aussi parce que ces personnages sont d’abord des êtres ordinaires qui nous ressemblent, éprouvent les mêmes sentiments que nous et, comme nous, cherchent à  donner du sens à  leur vie. ballade3.jpg

Le réalisateur franco-vietnamien Tran Han Hung (L’Odeur de la papaye verte, Cyclo) a été touché par le ton poétique et la mélancolie du roman. La Ballade de l’impossible commence en 1967, lorsque le Japon est secoué par une violente contestation politique, notamment dans les milieux universitaires. Un groupe de jeunes gens, vivant en résidence étudiante, découvre la vie loin du cocon familial. Amitié, séduction, découvertes intellectuelles, amour et recherche d’idéaux se heurtent à  l’inconséquence du désir physique, à  la peur de se dévoiler, à  la vacuité, à  l’incompréhension face à  la mort. Tour à  tour oppressant et lumineux, le film suit l’itinéraire de Watanabe, jeune homme de 19 ans, chahuté par le désir des femmes et les actes radicaux de ses amis.

ballade4.jpgLe réalisateur, qui est connu pour le soin apporté à  la photo de ses films, a trouvé dans l’univers de Murakami un exhausteur de son talent. Avec le directeur photo, Mark Lee Ping-bin, il débusque le sublime dans les paysages du Japon. Prairies d’herbes secouées par le vent, neige brumeuse ou côte rocheuse que la mer vient frapper, la beauté de ces plans magnifiques dit aussi l’imminence du drame. Pour filmer l’inquiétude des personnages, toujours en déséquilibre, en hésitation, il trouve des lumières changeantes, des mouvements de caméra fluides. Tran Han Hung : « Pour un film dont le thème est la formation de la personnalité à  travers l’incertitude de l’amour, la souffrance de perdre l’être aimé, le miracle du retour à  la vie après le deuil par une voie extrêmement audacieuse, la collaboration avec Mark est une évidence pour sa façon de bouger la caméra qui donne à  l’image une sensation d’instabilité et de flottaison exprimant une profonde inquiétude face à  la fragilité de l’existence. »

Tourné au Japon, avec des acteurs japonais dont le réalisateur ne parle pas la langue, le film trouve une justesse particulière, faite de distance, de syncopes et d’émotions vibrantes. La distance étant donnée par les différences culturelles que l’intensité des émotions efface ensuite. La musique aide au rythme de la narration et trouve une place d’autant plus importante qu’elle est indispensable pour le romancier, toujours soucieux de citer des musiques réelles, comme la chanson des Beatles Norvegian Wood qui donne son titre anglais à  l’ouvrage. Pour la bande son, le cinéaste a fait appel, une nouvelle fois, à  Jonny Greenwood. ballade2.jpg

Cette Ballade est sombre, intimiste, parfois lente, parfois déchirante. Elle est portée par le souffle de la poésie lyrique et exacerbée de Murakami que Tran Han Hung met en images, en jeu et en mélodies. Mais, à  l’instar de son personnage principal, résolument optimiste, cette Ballade célèbre la vie librement acceptée, où l’impossible n’est plus une option.

Magali Van Reeth

Signis

Pâques au Musée des Beaux-Arts

Le journal télévisé de France 3 Rhône-Alpes, durant la Semaine Sainte, attire l’attention sur quatre oeuvres des collections du Musée des Beaux-Arts de Lyon :

 Christ au Jardin des Oliviers, de Janmot (1840)

 Pièta, de Flandrin (1842)

 Résurrection, de Lebrun (1676)

 Sainte Face, de Rouault (1939)

video visibles durant une semaine sur le site FR 3 Rhône-Alpes (rubrique : video du jour)

l’Art contemporain dans l’Eglise

Les nouvelles formes d’expressions artistiques fleurissent partout : dans les musées et galeries d’art certes, mais aussi dans l’espace public (rues, places, campagne), ainsi que dans les églises, qu’elles soient désaffectées ou non . On appelle cette nouvelle forme d’art, omniprésente, multiforme et souvent éphémère, « l’art actuel » ou « l’art d’aujourd’hui ». Cet art vivant constitue de plus en plus un langage, par lequel se disent des informations sur le monde et sur nous-mêmes. Mais ce nouveau langage artistique est souvent ressenti comme hermétique, étranger ou provocateur. Il nous faut donc chercher à  le comprendre plutôt que de le juger.

L’art utilise la matière (et pas simplement l’idée, le mot ou le son), mais propose aussi quelque chose de différent que le simple monde des objets. Il participe d’une autre logique, celle de la re-création. Il ambitionne de créer un monde à  la fois semblable et différent du nôtre, où l’on puisse exister et rêver, un monde à  notre portée et portant inaccessible, un monde autre.

 COTTIN Jérôme, Pour comprendre l’art actuel , Réforme, 2007


Le Collège des Bernardins a proposé l’exposition Cellula. Ce qui offre l’occasion d’appréhender une pratique artiste contemporaine : l’installation. Quelle est sa spécificité (aspect éphémère, participatif) par rapport à  d’autres expressions plastiques ? Au regard du travail de Nathalie Brevet et Hughes Rochette, comment l’installation « in-situ » se révèle-t-elle un geste artistique authentique ?

 Conférence : L’installation comme oeuvre d’art , Collège des Bernardins


L’art contemporain tend vers l’interactivité entre le producteur de l’oeuvre et son récepteur

C’est le regardeur qui fait le tableau (Marcel Duchamp)

La réalité d’une oeuvre, c’est le triple rapport qui s’établit entre la chose qu’elle est, le peintre qui l’a produite et celui qui le regarde (Pierre Soulages)

L’art n’est donc plus le support d’une expression subjective ou d’une représentation mimétique : il devient une mathesis, un instrument de vérité, ce qui implique un abandon des préoccupations formelles et stylistiques.

 SERS Philippe, Duchamp confisqué, Marcel retrouvé, 2009


Picasso, Kandinsky, Malévitch et M. Duchamp accomplissent quatre ruptures… , qui en sont toujours cent après. Qu’est-ce qui va leur succéder ? Ce ne sera toujours pas l’art comme charme, comme agréable. Mais, à  bien y regarder, l’art est l’histoire de l’homme, et non l’histoire du beau.

 Conférence de M.Migniot, Arts Cultures & Foi, diocèse de Nîmes