CINEMA : Slumdog Millionaire

de Danny Boyle

Royaume-Uni/Etats-Unis, 2h, 2007.
Meilleur film et meilleur réalisateur au British Independant Film Award, Golden Globe 2009 du meilleur film dramatique et meilleur réalisateur.
Sortie en France le 14 janvier 2009.

avec Dave Patek, , Irfan Khan, Freida Pinto, Anil Kapoor, Mia Drake

Un film fort et émouvant qui raconte dans un tourbillon d’images le destin extraordinaire d’un enfant des rues de Bombay, de la pire misère aux feux de la rampe d’un jeu télévisé.

slumdog2.jpgDès les premières images de Slumdog Millionaire, on peut ressentir ce qu’un étranger ressent lorsqu’il arrive pour la première fois en Inde : une déstabilisation immédiate, une démesure inouïe et un dépaysement déchirant ! La caméra nerveuse et mobile de Danny Boyle nous happe et nous emporte véritablement dans un tourbillon romanesque qui dresse un portrait brillant et dur de ce fabuleux pays. Adaptation britannique d’un roman indien de Vikas Swarup, Les Fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devient milliardaire, le film retrace le parcours de Jamal, gamin des bidonvilles qui, par amour pour une belle jeune femme inaccessible, se retrouve dans un éprouvant face à  face avec le présentateur vedette du Qui veut gagner des millions ? local.

Adepte des films violents dénonçant les perversions de la société britannique, Danny Boyle réalise avec Slumdog Millionaire un mélange très réussi des cinémas européens et indiens, version Bollywood. Aidé par Loveleen Tandan qui est elle-même indienne, ils ont travaillé ensemble pour trouver les acteurs. Que ce soit des acteurs déjà  confirmé comme Anil Kapoor (qui joue le présentateur avec ce qu’il faut de cynisme et d’ironie manipulatrice) ou des novices comme Jamal adulte interprété par Dave Patek. Loveleen Tandan est allée chercher les jeunes enfants directement dans les bidonvilles et c’est elle aussi qui a permis que chaque scène et presque chaque plan soit « épicé à  l’indienne » avec sensibilité et justesse. Crimes anti-religieux, course poursuite dans les ruelles des taudis, sieste dans les décharges publiques, mendicité omniprésente et partout, une foule dense, compacte et fluide, colorée et tour à  tour agressive ou festive, Slumdog Millionaire donne à  voir l’Inde en vrai, dans sa pire réalité et son immense pouvoir de séduction.

slumdog3.jpgMais Slumdog Millionaire n’a rien à  voir avec un documentaire. C’est un film de pure fiction, une magnifique histoire d’amour et le récit tragique d’un destin incroyable. Mené sur un rythme palpitant, au fur et à  mesure que les questions s’enchaînent sur le plateau de télévision, le film captive le spectateur comme rarement : une image dynamique, des plans surprenants, la beauté parfois imprévisible d’une scène, la justesse des comédiens ou la tension du scénario, tout nous tient en haleine et nous colle aux personnages principaux. Un grand moment de cinéma. Attention pourtant, il y a dans Slumdog Millionaire quelques scènes très violentes (tortures, mutilations) qui ont malheureusement été vécues par de nombreux enfants des rues et qui peuvent heurter les personnes sensibles et les jeunes adolescents. En tant que spectateur bouleversé par le parcours tragique du héros, on apprécie un final plus heureux et cette rédemption de la part du méchant qui permet de donner libre cours à  notre bonheur et de savourer une scène finale très bollywood !

Magali Van Reeth

Signis France

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