CINEMA : A propos d’Elly

D’Asghar Farhadi

Iran, 1h56, 2009.
Ours d’argent au Festival de Berlin 2009.

Sortie en France le 9 septembre 2009.

avec Golshifteh Farahani, Taraneh Alidousti, Shahab Hosseiny.

Trois jours de vacances entre amis et un accident qui, lorsque les langues se délient et que la culpabilité et la médisance arrivent, tourne vite au drame.

elly2.jpgBien qu’il ait reçu l’Ours d’argent au Festival de Berlin 2009, ce film iranien sort en Europe très discrètement, c’est-à -dire dans très peu de salles. Et c’est vraiment dommage car A propos d’Elly traite avec beaucoup de finesse un sujet qui nous touche tous.

D’anciens copains de fac, aujourd’hui installés dans une vie professionnelle et familiale, se retrouvent pour passer ensemble trois jours au bord de la mer, comme ils le font chaque année. C’est l’occasion de retrouvailles joyeuses et conviviales. Jeux de société le soir, barbecue, volley dans le jardin et baignade sur la plage pour les enfants. Mais cette année, la très convaincante Sepideh a invité en plus Elly, qui est l’institutrice de sa fille. Avec l’idée de lui faire rencontrer l’un des membres du groupe qui vient juste de divorcer. Mais une fois la bande installée dans une villa au bord de la mer, tout se complique. Un drame survient, une disparition et l’ambiance change du tout au tout.

Il ne s’agit pas d’un film d’horreur avec des cadavres en série. Juste d’un incident qui, à  cause du mensonge des uns et des autres, prend vite une proportion démesurée. Lorsque les langues se délient, dans la peur et l’angoisse, ce qui se dit engendre une cascade de suppositions et de maladresses. Un accident arrive et tout s’emballe.elly3.jpg

A propos d’Elly est le récit d’un enchainement fatal. L’effet de groupe contre celui qui lui est étranger, l’égoïsme de la peur, les maladresses de la douleur des uns qui provoquent d’autres accidents. La lâcheté aussi de chacun lorsqu’il faut prendre ses responsabilités. Cette histoire très cruelle se déroule sous nos yeux, avec des acteurs tous excellents, la caméra au milieu d’eux nous permettant de saisir les indices et les failles sans jamais réellement savoir où ils vont mener.

Si on peut tous se reconnaître dans ce genre de situation, on peut aussi penser que, traitant de l’hypocrisie d’un groupe, de la lâcheté de certains individus et de la vitesse avec laquelle on trouve toujours un bouc émissaire, on sait aussi que le réalisateur Asghar Farhadi a voulu évoquer le climat actuel de la société iranienne. Comme il l’avait déjà  fait dans son précédent film La Fête du feu (2007). Toujours avec délicatesse, laissant au spectateur le soin « de remplir les cases du mot croisé » et redonnant toute son importance au rôle de la femme et au lien social que nous tissons avec notre entourage.

Magali Van Reeth

Signis

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