Le Concert

de Radu Mihaileanu

France, 2h00, 2008.

Sortie en France le 4 novembre 2009.

avec Alkesei Guskov, Dimitry Nazarov, Mélanie Laurent.

Ample et lyrique, un film où la musique permet aux hommes d’écrire des partitions harmonieuses, au-delà  de leurs différences et de leurs blessures passées.

concert6.jpgSupercherie : un joli mot pour tromper son monde. Pas aussi agressif que le mensonge ou la fraude mais teinté d’un peu d’humour. Une astuce narrative que le réalisateur français Radu Mihaileanu aime bien utiliser. Toujours pour permettre à  des individus de déjouer le destin que les grands drames de l’Histoire leur destinaient. Dans Train de vie(1998), la supercherie permettait à  quelques personnes d’échapper à  la barbarie. Dans Va, vis et deviens (2005), elle permettait à  un enfant l’espérance d’une vie meilleure. Avec Le Concert, c’est avant tout une revanche sur un passé douloureux.

Évincé de son poste de chef d’orchestre dans les années Brejnev, Andreï Filipov et les autres membres de sa formation ont assisté, avec une impuissance teintée d’incompréhension, à  l’effondrement de l’empire soviétique. Entre petites combines, grandes déprimes et alcoolisme, chacun passe comme il peut du communisme le plus pur au libéralisme le plus dur. Trente ans plus tard, grâce à  une supercherie, ils reviennent tous à  Paris pour un ultime concert.

On sait depuis longtemps que la musique adoucit les mœurs et amplifie les émotions au cinéma. Le Concert est un film qui n’a pas peur d’affronter la dimension lyrique d’une symphonie, ni les sentiments exacerbés par un musicien slave. Comme un orchestre se construit en trouvant la juste harmonie entre différents instruments, le réalisateur Radu Mihaileanu mélange avec bonheur des acteurs russes inconnus en France mais très célèbres chez eux, et des acteurs français venus de divers horizons, comme Miou Miou, François Berléand ou Mélanie Laurent. Tous se donnent entièrement dans ce film qui célèbre la fraternité à  travers un projet commun.

Malgré quelques scènes sans trop d’intérêt, le film trouve vite un rythme entrainant, parsemant d’un soupçon de mystère le comique des certaines situations. Mystère qu’avec beaucoup d’élégance le réalisateur ne lève pas tout à  fait. L’émotion est réelle, juste. Le décalage des personnages en transhumance entre l’Union soviétique du 20ème siècle et la France du 21ème siècle est savoureux mais il rappelle surtout les temps très difficiles vécus par des millions d’individus.

La scène clé du film est le concert donné au théâtre du Châtelet, dans des conditions plus que rocambolesques. Elle est un morceau de bravoure et un grand moment de cinéma, permettant même à  ceux qui sont le moins réceptif à  la musique, de vivre avec toute l’intensité d’un musicien au coeur de l’orchestre, cette expérience magnifique. Un film qu’on regarde avec un immense plaisir et qui donne un avant-goût d’un monde meilleur.

Magali Van Reeth

Signis

Pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés