de Marian Crisan
Roumanie/France/Hongrie, 1h40, 2010.
Sélection officielle Festival de Locarno 2010, prix œcuménique.
Sortie en France le 2 février 2011.
avec Andrà¡s Hathà¡zi, Yilmaz Yalcin, Elvira Rîmbu, Dorin C. Zachei, Molnar Levente, Razvan Vicoveanu.
Prix œcuménique au Festival de Locarno 2010, une histoire de clandestins et d’amitié au-delà des frontières et des langues.
Nelu est agent de sécurité dans un petit supermarché d’une bourgade proche de la frontière entre la Roumanie et la Hongrie. D’une nature un peu taciturne, il préfère passer son temps libre à la pêche, dans une zone de « no man’s land », plutôt que dans son jardin à écouter les jérémiades de sa femme. C’est là qu’il ferre, malgré lui, un homme trempé jusqu’au ventre qui tente d’échapper à la police des frontières. Les ennuis commencent
Les deux hommes ne parlent pas du tout la même langue mais cela ne leur est pas nécessaire pour se comprendre. De même, nous n’avons pas besoin de sous-titres pour comprendre que l’homme veut aller en Allemagne, ni d’explication pour ressentir l’amitié qui naît entre eux. Nelu hésite un peu mais lorsqu’il décide d’aider cet homme, ce n’est pas par conscience politique mais juste par amitié. Jouer au carte avec un copain, c’est quand même mieux que de regarder la télé avec sa femme !
Marian Crisan, dont c’est le premier long métrage estime que : « l’immigration clandestine est un monde invisible. On en parle dans les informations du monde entier mais personne ne considère vraiment les immigrés comme des individus et personne ne comprend vraiment leurs problèmes. C’était un défi d’en parler. Mais je ne voulais pas vraiment faire un film sur l’immigration clandestine. C’est plutôt un film sur une amitié curieuse qui grandit entre un immigré et un habitant d’un village. Je pense que c’est une histoire universelle. »
Le film est traversé par un ton très particulier, où la poésie et le conte se mélangent au documentaire. Il y a peu d’explication, peu de dialogue mais une profonde entente entre les deux personnages principaux, une amitié palpable et réjouissante. A la fin du film, le spectateur sait que tous les problèmes ne sont pas réglés et que la route est longue avant que tous les immigrés ne retrouvent leur famille. Mais ce bout de chemin que le réalisateur roumain nous fait emprunter ressemble à une tranche de bonheur et d’espérance.
Magali Van Reeth