La Permission de minuit

de Delphine Gleize

France, 1h50, 2010.

Sortie en France le 2 mars 2011.

avec Quentin Challal, Vincent Lindon, Emmanuelle Devos.

Autour d’enfants atteints d’une maladie rare, une belle histoire d’amitié entre un médecin reconnu et un jeune homme au devenir incertain. Sobre et touchant.

On les appelle les enfants de la lune parce qu’ils ne peuvent pas jouer en plein jour. Comme les fragiles pellicules de film d’avant l’ère numérique, la lumière du soleil leur est fatale. Pour ceux qui sont atteints de cette maladie rare, la peau n’est plus écran, il faut sans cesse en surveiller le grain, la réactivité. Tout l’organisme doit se protéger de ces rayons qui sont si indispensables à  la survie de l’espèce humaine. On l’appelle aussi le syndrome XP, encore une histoire d’écranminuit2.jpg

Delphine Gleize fait un film non pas sur cette maladie ou sur les enfants malades mais questionne le simple fait d’être vivant. Romain a 15 ans, il est sous surveillance médicale depuis qu’il est tout petit, il ne peut pas vivre au rythme des gens « normaux » mais il se sent un adolescent comme les autres dans sa tête. Alors il aimerait bien savoir comment c’est vivre comme tout le monde, comment embrasser une fille, comment aimer, comment être libre de cette contrainte physique.

Parce que sa relation au médecin qui le suit est si importante, parce que son père est parti depuis longtemps, Romain est très lié à  David, éminent professeur, spécialiste réellement impliqué dans le bien-être de ces enfants malades. Mais David lui-aussi est fragile et chacun devra faire avec les faiblesses et les doutes de l’autre.minuit4.jpg

Delphine Gleize sait trouver le ton qu’il faut pour raconter sans émouvoir inutilement, pour déplacer le problème de la maladie sur celui de l’apprentissage de la vie. Difficile pour tous, qu’on soit malade, adolescent ou adulte établi. Et elle a très bien su choisir les deux acteurs principaux. Quentin Challal a l’indolence et le naturel de son âge et face à  lui, Vincent Lindon est remarquable. Toujours juste, toujours sobre, il donne au personnage de David une densité exceptionnelle et une raison suffisante pour aller voir le film.

Magali Van Reeth

Signis

Pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés