Rabbit Hole

de John Cameron Mitchell

Etats-Unis, 2010, 1h32

Sortie en France le 13 avril 2011.

avec Nicole Kidman, Aaron Echkart, Milles Teller.

Après la mort de leur enfant, un couple vit les moments difficiles du chagrin et de la culpabilité. Un deuil filmé avec délicatesse et sans concession.

Le film est tiré d’une pièce de théâtre éponyme, Rabbit Hole de David Lindsay-Abaire, pièce créée en 2006 aux Etats-Unis et qui a connu un beau succès. Le titre fait référence au roman d’Alice aux pays des merveilles, lorsqu’elle entre dans un monde inconnu, étrange et fantastique en tombant dans le terrier du lapin (Rabbit Hole en anglais).

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Ce plongeon terrifiant, c’est celui que Becca et Howie ont l’impression de vivre depuis la mort accidentelle de leur fils de 4 ans. Pour eux, plus rien n’existe du monde d’avant et ils ne savent pas habiter celui qui s’ouvre devant eux. Leur maison est tout à  coup trop grande, leurs proches trop absents ou trop présents et ils ne savent plus se parler ni s’aimer.

Le film permet d’entrer complètement dans cette longue et douloureuse période de reconstruction. L’oubli n’existe pas mais on apprend peu à  peu à  vivre avec la souffrance et le manque. Enfermés dans leur douleur, Becca et Howie doivent pourtant affronter chaque jour qui se lève. Chacun trouve l’apaisement où il peut. La colère, les larmes mais aussi la tendresse et l’humour s’enchevêtrent dans une vie qui continue malgré leur peine.

Rabbit Hole fait aussi référence à  l’univers de la bande dessinée américaine, peuplé de supers héros pouvant intervenir, grâce à  leurs pouvoirs magiques, dans la vie des gens ordinaires. Ces héros, souvent masqués et déguisés, arrêtent les catastrophes ou sauvent la vie d’un innocent, quand tout semblait perdu. C’est l’inconcevable devenu réalité, comme pour Becca et Howie : la mort a été inconcevable et la vie le devient après elle, car les supers héros n’existent que dans les bandes dessinées et n’ont pas pu sauver leur fils.

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En évoquant ainsi la mort d’un enfant, le film soulève une question difficile dans nos sociétés contemporaines. Alors que l’espérance de vie est de plus en plus longue et que les taux de natalité sont de plus en plus bas, le décès d’un enfant – souvent unique – devient un scandale, une injustice insoutenable. Les progrès de la médecine et la stabilité des régimes politiques éloignent toujours un peu plus la mort de notre quotidien. Ceux qui la vivent de près et qui souvent, comme Becca dans le film, refusent tout repère religieux ou philosophique, sont de plus en plus démunis. Rabbit Hole est aussi le récit de ce désarroi.

Magali Van Reeth

Signis

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