Super 8

de J.J. Abrams

Etats-Unis, 1h50, 2011.

Sortie en France le 3 août 2011.

avec Joel Courtney, Kyle Chandler, Elle Fanning.

L’épouvante, les monstres et la fin de notre monde sont un genre très prisé au cinéma. Mais la pire des catastrophes reste toujours la perte d’un être cher et les cauchemars imaginaires ne sont pas aussi effrayants que la réalité du deuil.

En 1979, dans une petite ville de l’Ohio, un groupe de collégiens essaye de tourner un film, avec une petite caméra super 8, pour participer à  un concours. Ils ont 12 ou 13 ans, rusent avec les interdits des parents, les vacances scolaires et le bricolage maison pour fabriquer leurs décors. C’est la mode des zombies et ils font des efforts désespérés pour les rendre effrayants. Lors d’un tournage de nuit dans une gare désaffectée, ils sont témoins d’un accident de train qui bouleverse la vie tranquille de la bourgade et de ses habitants.

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Film catastrophe par l’ampleur du déraillement et des explosions qui vont suivre, film de science-fiction où on évoque un être venu d’ailleurs, film d’épouvante parce qu’un danger inconnu menace la vie de ce groupe d’enfants, Super 8 utilise tous les codes de ces films pour adolescents. Ce film est séduisant parce qu’à  travers les tas de ferraille qui s’entrechoquent, le feu ravageur, les créatures anormalement fortes et visqueuses, Super 8 parle au spectateur de la véritable « épouvante » de toute enfance, de la « catastrophe » de la mort, du « monstre » qu’il faut apprivoiser : le manque de ceux qui sont partis à  jamais. La fin du monde et l’entrée dans l’inconnu commencent avec la mort de la mère.

Les aventures du jeune Joe, dans ce monde en chaos, ne lésinent pas sur les effets spéciaux et Super 8 peut aussi se voir comme un énième film de genre. Plutôt gentil d’ailleurs, les militaires américains qui « jouent » les méchants évoquant plus les soldats en plastique que les infos du soir à  la télé. Il y a des pointes d’humour pour détendre l’atmosphère et on nous laisse le temps de s’habituer au monstre. La véritable angoisse étant bien celle de la mort et la douleur celle de l’absence.

Si on regarde le film avec un peu de distance, on voit bien que le monstre qui surgit après l’accident est une métaphore du deuil. Le deuil est terrible, c’est un gouffre dont on ne trouve pas la sortie et on a peur de s’y perdre. Il mange ceux qui nous entourent, rien ne le fait vaciller et le combat pour l’amadouer est long et épuisant.

Les films tournés en « Super 8 » avant l’avènement de la vidéo ont donné un grain particulier aux souvenirs d’enfance de toute une génération, celle qui a grandi juste avant internet et les téléphones portables. L’un des charmes du film est aussi ce retour en arrière, à  cette adolescence insouciante, ce temps où les monstres du chagrin n’avaient pas encore envahi nos vies d’adultes.

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Super 8 n’est pas un chef d’œuvre mais il relève nettement le niveau des films proposés aux adolescents pendant les vacances scolaires. A partir de 12 ans, n’hésitez pas à  les accompagner

Magali Van Reeth

Signis

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