La Fée

de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy

France/Belgique, 1h33, 2011.

Festival de Cannes 2011, Quinzaine des réalisateurs.

Sortie en France le 14 septembre 2011.

avec Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy.

Une fantaisie pleine de charme ! Ici, les héros sont des petits, des sans-voix, les blessés de la vie qui ont droit à  un peu de magie, grâce au burlesque et à  la poésie, pour embellir leur quotidien, et le nôtre.

Loin des exigences du cinéma commercial, ce trio de réalisateurs, issu du spectacle vivant, fabrique des films à  l’écriture très personnelle. Après L’Iceberg (2005) et Rumba (2008), on retrouve dans La Fée ce séduisant bricolage où le corps des acteurs dialogue avec l’épaisseur de la vie, les couleurs des décors, le rire et l’émotion.fee2.jpg

La Fée est entièrement tourné au Havre, dont le centre ville, détruit pendant la seconde guerre mondiale, a été reconstruit par l’architecte Auguste Perret. Le graphisme de la ville, entre la rigueur du béton et l’harmonie rythmée des volumes, convient tout à  fait à  la fantaisie très structurée du film. Sur les façades grises, le moindre rayon de soleil est un enchantement ; face à  la rigueur des immeubles, les corps des personnages éclatent d’une vie plus joyeuse.

Dans un petit hôtel, des clients qui ne peuvent pas payer et des clandestins, en partance pour un ailleurs improbable, croisent une fée. Non pas une fée moyenâgeuse en longue robe moirée mais une fée en survêtement baskets, même si elle lorgne du côté des escarpins roses. Il y aura des aventures rocambolesques et des rebondissements loufoques avant d’arriver au « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Qui permettent au trio de réalisateurs de faire passer à  l’écran les créations de leurs imaginations débordantes. Les gags sont visuels, le corps des acteurs étant une matière aussi malléable qu’expressive.

Plus que des acteurs classiques, les comédiens/réalisateurs, Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy, sont aussi danseurs, clowns, mimes, chorégraphes. Les images explosent de formes, de couleurs et de détails qui chacun, disent encore une histoire. On croise des handicapés, des pauvres, des taiseux, des loufoques ; on va à  l’hôpital, pour réparer une jambe ou protéger la société d’une différence qui fait peur. C’est drôle et c’est poignant, c’est physique et c’est poétique, c’est simple et élégant. fee4.jpg

Les réalisateurs revendiquent pleinement cette ambiance : « Le burlesque, c’est le désir de faire rire les spectateurs avec des images, des cadres, des corps, des couleurs, des sons, des décors, avec tous les outils que nous offre le cinéma. Plus les situations des héros sont tragiques, plus il y a de matière burlesque. La poésie, c’est indéfinissable, mystérieux, intime, reposant, personnel, profond La poésie et le rire, l’un nourrissant l’autre et réciproquement. »

Un film qu’on peut voir en famille et pour enfants à  partir de 6 ans.

Magali Van Reeth

Signis

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