Europolis

de Cornel Gheorghita

Roumanie/France, 1h40, 2010.

Sélection officielle Festival d’Erevan 2011, prix œcuménique.

Sortie en France le 2 novembre 2011.

avec Adriana Trandafir et Aron Dimeny

Un voyage burlesque et poignant à  travers l’Europe permet d’aborder les questions de la vie après la mort et surtout de la transmission, pour une jeunesse perturbée par les problèmes économiques.

Dans la tradition populaire et religieuse de la Roumanie, l’âme des morts traîne sur la terre pendant 40 jours après le décès. Certains le savent, le croient, et respectent avec humilité les rites et les gestes à  accomplir dans ces moments-là . D’autres s’en fichent, comme Nae, un jeune homme sans travail et sans avenir.europolis5.jpg

Il habite à  Sulina, petit port à  l’abandon sur le Danube, autrefois siège de la prestigieuse Commission du Danube. Lieu riche d’une histoire très ancienne qui a vu passer les grecs, les ottomans, les maltais, les britanniques, les turcs et les soviétiques, Sulina est aujourd’hui en perdition dans une Europe qui a du mal à  se construire, comme Nae.

Sous une apparente légèreté et avec un soupçon de burlesque, Europolis nous embarque dans un voyage épique, où il faut trouver l’âme d’un inconnu et hériter de son étrange bagage. Nae et sa mère ne sont jamais sortis de chez eux, ils vont confronter leur savoir-faire pour avancer. europolis2.jpg

Le souffle de ceux qui sont partis pour ne plus revenir traverse les belles images de ce film inhabituel. Europolis, à  jouer sans cesse entre symbolisme et fiction, cinéma et Histoire, montre combien l’art et la foi sont une question de croyance. Comme pour le personnage de Nae, il faut accepter une part de mystère, de chahut intime et de merveilleux, pour reconnaître ses origines, pour se laisser toucher par la grâce, pour accepter la magie du cinéma.

La grande force du film est de nous faire accepter l’incroyable. On part d’une situation très concrète et banale – un jeune homme sans travail vit au crochet de sa mère et sans projet d’avenir, méprise son entourage – pour peu à  peu pénétrer dans un univers où se mêlent les traditions africaines, l’art brut, les rites funéraires roumains, le capitalisme sauvage et les bêtes qui ne le sont pas, les trop jolies femmes, le désir d’une Europe prospère. Peu à  peu, comme Nae est prêt à  accepter ses racines et le retour à  soi, le spectateur est prêt pour la traversée du fleuve en compagnie des fantômes, des vivants et des morts, des bêtes et des humains.europolis3.jpg

Un film attachant qui a reçu le prix œcuménique au Festival d’Erévan, en Arménie, en juillet 2011 : « Dans ce road movie, la mort n’est pas une fin mais un nouveau départ pour un jeune homme sans avenir. Le voyage à  travers l’Europe avec sa mère lui permet de changer. Cornel Gheorghita raconte son parcours avec des images d’une grande beauté, où opère la magie du cinéma. Son symbolisme renforce la frontière entre la vie et la mort. »

Plus d’infos sur l’histoire de Sulina et les différentes traditions roumaines qui ont inspirées le film en visitant le site http://www.europolis-film.com/?lang=fr

Magali Van Reeth

Signis

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