Des vents contraires

de Jalil Lespert

France, 2011, 1h31

Sortie en France le 14 décembre 2011.

avec Benoît Magimel, Antoine Duléry, Isabelle Carré, Audrey Tautou, Ramzy Bedia, Aurore Clément.

Entre film policier et chronique intimiste, un homme en souffrance après la disparition de sa femme, tente de vivre, porté par ses enfants.

Jalil Jespert est jeune acteur français qu’on avait aimé dans Ressources humaines (2001) de Laurent Cantet, Le Promeneur du Champs de Mars (2005) de Robert Guédigian ou Le Petit lieutenant (2005) de Xavier Beauvois. En 2007, il réalisait son premier long métrage, 24 mesures, où le scénario improvisait à  la façon d’une partition de jazz, délaissant la structure d’un récit. Avec Des Vents contraires, il prouve son envie de faire du cinéma tout en améliorant la mise en forme de ses intentions.vents2.jpg

Jalil Lespert s’est donc appuyé sur une histoire plus construite, un scénario plus cadré. Inspiré du roman éponyme d’Olivier Adam, le film est le portrait d’un homme en survie. Père de deux jeunes enfants, dont la femme a disparu brusquement après une dispute, Paul cherche une issue à  sa douleur, un moyen de ne pas sombrer. Le réalisateur pose sa caméra dans les lumières marines de la Bretagne et traite le sujet sans verser dans le drame, avec délicatesse et élégance.

Tout au long du récit, la tension reste palpable, comme dans un film policier. Face à  cet homme impulsif, parfois aussi mauvais joueur que ses enfants, maladroit et tendre, on se pose forcément la question de la culpabilité. Jouant avec les codes du genre et les ellipses énigmatiques, Jalil Lespert brouille les pistes en rendant Paul très sympathique : un homme qui aime autant ses enfants peut-il être mauvais ? C’est un autre homme en perdition qui posera à  Paul cette question essentielle, et l’aidera à  prendre ses responsabilités, en évoquant Dieu au passage. vents3.jpg

Les acteurs, Benoît Magimel, Isabelle Carré ou Antoine Duléry entrent parfaitement dans cet univers. Ancrés dans leur vie mais traversés de doutes, ils sont des héros ordinaires dans un quotidien où la violence et le drame existent. On apprécie que d’autres grands noms viennent les rejoindre, même brièvement, des personnalités aussi diverses qu’Audrey Tautou, Ramzy Bedia ou Aurore Clément. Le réalisateur utilise leur notoriété pour nous faire croire à  leur invincibilité. Et soigne tous ses personnages, même ceux qui ne font que croiser la vie de Paul. Ils sont là  pour donner du « grain à  moudre » comme le dit joliment Jalil Lespert.

Plus que la recherche d’un coupable ou d’une vérité, Des Vents contraires fait le portrait d’un homme d’aujourd’hui, un trentenaire qui aurait cultivé son penchant naturel pour la paresse et l’irresponsabilité s’il n’avait pas été confronté au drame. Et à  ses deux enfants qui, le tirant sans cesse vers un quotidien qu’il refuse, l’aide à  dépasser son enfermement et à  s’établir dans une nouvelle vie, plus lumineuse.

Magali Van Reeth

Signis

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