Les Chants de Mandrin

de Rabah Ameur-Zaimeche

France, 2011, 1h37

Festival de Locarno 2011, compétition officielle ; Prix Jean Vigo 2011

Sortie en France le 25 janvier 2012.

avec Jacques Nolot, Christian Milia-Darmezin, Kenji Levant, Rabah Ameur-Zaïmeche, Salim Ameur-Zaïmeche, Sylvain Roume .

Dans la très belle lumière d’un automne à  la campagne, un film qui prend des chemins de traverse pour parler de la liberté des hommes et de leur désir de fraternité.

Pour commencer, il vaut mieux dissiper toute ambigà¼ité : ce film en costumes n’a pas vocation d’être un film historique. On n’apprendra pas grand-chose sur le personnage de Mandrin mais beaucoup sur la façon de faire du cinéma, pour peu qu’on accepte d’entrer dans ce film exigeant et inhabituel. Pour le réalisateur Rabah Ameur-Zaïmeche, le contexte historique est un prétexte pour se régaler d’autres images, mettre en scène d’autres situations et donner un rythme atypique à  tout le film.mandrin3.jpg

A travers la vie de ces rebelles, constamment en déplacement dans les campagnes françaises du 18ème siècle, le réalisateur filme le mouvement des corps, des animaux et de la lumière dans les forêts d’automne. Il parle de liberté en faisant déborder ses personnages du cadre imposé, au propre comme au figuré. Dans Les Chants de Mandrin, ce qui importe n’est pas de raconter une histoire ou de faire l’Histoire mais de donner au spectateur, forcément immobile, l’envie du mouvement. Lorsque les personnages se déplacent, que ce soit le marquis, le colporteur, les soldats ou les brigands, c’est toute la troupe qui fait sentir le désir de liberté.

Rabah Ameur-Zaïmeche aime faire des films qui déroutent le spectateur. La narration est comme en suspens, la caméra s’attarde dans les moments où il ne se passe rien, en apparence, rien de dramatique ou de spectaculaire. Dans ces instants où la vie peut surgir, que ce soit dans le passé ou dans le présent, c’est l’instant qui importe, c’est la vie qui est captée. mandrin2.jpg

Les Chants de Mandrin est un film ample, où la lumière a un rôle très important et où il est donné de la matière pour exercer son imagination et son penchant à  la contemplation. Les cadrages sont soignés, la mise en scène est un enchantement, chaque plan un régal pour les sens. Même les acteurs, autour de Jacques Nolot et de Rabah Ameur-Zaïmeche, disent leur texte avec une gourmandise qui fait pétiller leurs yeux. Un film rare d’un cinéaste discret qui travaille à  l’écart des modes.Il a reçu le prix Jean Vigo 2011.

Magali Van Reeth

Signis

Pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés