La nuit de papillon d’or de Tariq Ali

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Tariq Ali, auteur anglo-pakistanais, né à  Lahore en 1943, éditeur à  Londres, nous entraine dans l’histoire et les soubresauts de son pays, désigné par « Terrepatrie ». Par le biais de ses personnages, de leur jeunesse dans les années 60 jusqu’au seuil de la vieillesse, se tissent les fils de cette nation, née en 1947 dans la violence de la partition avec l’Inde jusqu’à  la situation tourmentée que l’on sait.

Roman foisonnant, avec l’art du conte oriental, sorte de Mille et une nuits qui nous perd dans le dédale de destins croisés. »Papillon d’or » désigne la belle Jindié, aux ancêtres musulmans chinois, et son amour contrarié avec Dara, le narrateur. Ils faisaient partie d’un groupe d’étudiants que la vie sépara. Le peintre Platon, membre de ce groupe, demande à  Dara d’écrire sa vie, d’où l’enquête sur le devenir de ces amis, dispersés dans le monde. A la fin du récit, tous se retrouvent au pays natal pour découvrir le grand œuvre de Platon, qui a peint les 4 cancers du pays : l’Amérique, les mollahs, les militaires, la corruption. On a compris que la veine satirique anime le récit, avec un talent de polémiste qui n’épargne ni les plaies du pays ni celles d’un Occident imbu de sa supériorité ; on pense à  Salman Rushdie.

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Précisons que La nuit de papillon d’or termine le cycle romanesque du Quintet de l’Islam . La 1ère guerre du Golfe, en 1991, détermina chez l’écrivain le désir de faire connaître la civilisation musulmane, afin de battre en brèche la grossière propagande politique, «axe du bien contre axe du mal », qui commençait à  poindre. D’où L’ombre des grenadiers (l’Andalousie) , puis Un sultan à  Palerme, Le livre de Saladin, La femme de pierre (fin de l’empire ottoman), jusqu’à  La nuit de papillon d’or , le Pakistan d’aujourd’hui donc. Et peut-être à  venir : l’Afrique avec Tombouctou.
La nuit de papillon d’or : une lecture savoureuse qui nous introduit à  la culture pakistanaise, riche de son passé moghol et de sa tradition poétique, mais propulsée dans une actualité bouleversée dont les héros incarnent bien les douloureuses et parfois fécondes contradictions.

Geneviève Vidal

Roman (362 p) – Traduit de l’anglais par Dominique Goy-Blanquet

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