Low Life

de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval

France, 2011, 2h04

Sélection officielle aux festivals de Locarno et Toronto 2011.

Sortie en France le 4 avril 2012.

Entre utopie poétique et désenchantement politique, le portrait d’une jeunesse urbaine qui cherche à  construire d’autres façons de vivre ensemble, sur les vestiges d’une société ancienne.

De part sa forme et son sujet, ce film austère et poétique peut déranger certains spectateurs. C’est bien l’intention des réalisateurs, Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval. Regrettant les prises de positions politiques de leur pays face à  la question de l’immigration et de la libre circulation des individus, ils proposent une réponse radicale. Qui est aussi un manifeste pour redonner toute sa force à  l’art et à  la culture, sans lesquels l’Homme ne peut envisager un avenir.LOWLIFE3.jpg

Filmé dans une ville qui ne montre que ses escaliers, ses berges et ses tunnels, des lieux en marge et à  l’ombre du clinquant de l’urbanité habituelle, un groupe de jeunes gens tente d’inventer une nouvelle façon de vivre. Il y a Carmen et son appareil photo, Charles et son cynisme, Hussain le sans-papier afghan, Julio et son trop lourd sommeil. Mêlant la magie noire et les interpellations de la police, les histoires d’amour et la mélancolie de la modernité, Low Life tente de cerner les utopies d’une jeunesse désenchantée.

La forme même du film reflète à  la fois le chaos de cette société et la complexité de l’engagement de ceux qui la veulent. Dans une atmosphère évoquant la poésie de Gérard de Nerval, certains personnages semblent hantés par une indicible souffrance. Grâce à  un remarquable travail sur la lumière, le clair-obscur baigne la première partie du film et, à  la manière des maîtres flamands de la peinture classique, place une source de clarté dans les ténèbres de la ville. L’art pour éveiller notre conscience et nous inciter à  participer à  la destinée du monde dans lequel nous vivons.LOWLIFE4.jpg

Comme une plainte chuchotée dans la nuit, le film peut évoquer le désespoir. Mais pour Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval, le personnage de Charles s’inscrit dans la continuité d’un autre Charles, celui du film de Robert Bresson, Le Diable probablement (1977). Malgré l’atmosphère sourde et les événements tragiques qui se succèdent dans Low Life, Charles reste aux côtés de celle qui n’a plus voulu de son amour, pour la protéger et l’aider. Fidélité à  une alliance rompue ou désir de l’autre à  travers son engagement, c’est un avenir à  construire.

Magali Van Reeth

Signis

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