Viva Riva !

de Djo Tunda Wa Munga

RDC/Belgique/France, 2010, 1h38

Sélection officielle aux festivals de Berlin et Toronto 2011.

Sortie en France le 18 avril 2012.

interdit aux moins de 12 ans.

avec Patsha Bay, Manie Malone, Hoji Fortuna.

Un polar congolais qui permet d’entrer de plein fouet dans la fournaise de Kinshasa, en compagnie de personnages redoutables. Un vrai talent de cinéaste, une dose d’humour et un réquisitoire implacable contre la corruption.

Ces dernières années, très peu de films ont été tournés dans le continent africain, hormis le Maghreb, et ils sont encore plus rares à  sortir dans les salles européennes. Aussi, l’arrivée de Viva Riva! dans les salles françaises est une excellente nouvelle ! vivariva2.jpg

Djo Tunda Wa Munga est un réalisateur congolais formé en Belgique qui s’est beaucoup démené pour tourner dans son pays, avec des acteurs essentiellement locaux, et en langue lingala. Viva Riva ! est un film noir, noir par les acteurs, noir par l’ambiance, noir par le constat qu’il dresse de la société congolaise.

Riva est un jeune homme qui vient de passer quelques années en Angola et qui revient en RDC après avoir dérobé un chargement d’essence à  son patron. Grâce à  la pénurie de carburant qui paralyse Kinshasa, il espère faire fortune en revendant les barils, et commence à  faire la fête avec les copains d’autrefois. L’ouverture du film est saisissante, une caméra fluide balaye la mégapole, glissant à  peine sur les clichés habituels – trains bondés, tas d’ordures, misère à  tous les carrefours et grosses voitures européennes – pour donner une véritable épaisseur à  la ville et ses habitants, dont les odeurs, les bruits et l’âcreté deviennent palpables et transportent immédiatement le spectateur dans un autre univers.

Si l’intrigue est assez simple, avec des rebondissements classiques (rivalité autour d’une femme), les personnages sont savoureux et l’humour désamorce toute leçon de morale. César, le patron angolais, impeccablement vêtu de blanc, fait preuve d’un mépris pour les Congolais digne des pires heures de la colonisation. Le pouvoir militaire est incarné par une « commandante », terrifiée à  l’idée de tuer quelqu’un. Le copain d’enfance lâche sa famille pour la promesse d’une virée nocturne, le prêtre de la mission est un redoutable financier et la belle que les hommes convoitent est la fille d’un prof d’histoire.vivariva3.jpg

Parfois le réalisateur étire le film par quelques scènes de sexe et de bagarres un peu appuyées mais le portrait qu’il dresse de la corruption de son pays est sans appel. Le dollar est roi et pourri toutes relations, y compris au sein de la famille traditionnelle et il est souvent difficile de trouver des personnes de confiance. La fin du film voit tous les personnages – ou presque – rouler dans la poussière et le magot revient à  la seule personne encore innocente dans ce grand chaos qu’est le quotidien des habitants de Kinshasa.

Attention, ce film est interdit aux moins de 12 ans.

Magali Van Reeth

Signis

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