De Rouille et d’os

de Jacques Audiard

France, 2011, 1h55

Festival de Cannes 2011, sélection officielle.

Sortie en France le 17 mai 2012.

avec Marion Cotillard, Matthias Schoenhaerts, Bouli Lanners.

Comment apprivoiser les bêtes sauvages que sont devenus certains hommes par manque d’amour ? Comment réparer ce qui a été irrémédiablement cassé ? Une belle histoire d’amour pour tous ceux qui sont rouillés et cabossés.

Histoire d’amour entre deux cabossés de la vie, De Rouille et d’os ne craint ni le lyrisme ni la critique sociale. Elle, c’est Stéphanie, elle dresse les orques dans une marina de la Côte d’azur et, habituée à  commander aux monstres marins, ne craint pas les noceurs des boîtes de nuit. Lui, c’est Ali, un taiseux, puissant comme une bête, du genre à  manger les yaourts avec les doigts. Il accompagné d’un petit garçon, cherche du travail, aime la castagne. Ali préfère casser la tête des autres que de « se prendre la tête ». A la suite d’un accident qui laisse Stéphanie handicapée, ils vont essayer de se réparer mutuellement. Lui en mettant sa force et son corps à  son service, elle en lui apprenant à  devenir moins bête, dans tous les sens du termederouille3.jpg

Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts donnent une puissance et une fragilité aux deux personnages principaux. Ils rendent cette histoire d’amour belle et crédible. Autour d’eux, d’autres grands acteurs dont Corinne Masiero.

Comme dans son précédent film Un Prophète, où un détenu se forgeait une force morale lui permettant de résister aux autres, Audiard met en scène des personnages à  béquilles qui avance maladroitement dans la vie. Autour d’eux, d’autres cabossés, généreux, débrouillards, qui survivent à  l’ombre des artifices de la Côte d’azur. Des corps brisés, fracassés, mais aussi des gens ordinaires, plein de générosité. C’est ensemble qu’on trouve la force pour continuer à  cheminer. C’est à  deux qu’on apprend à  aimer.derouille2.jpg

Si la performance technique montrant le handicap de Stéphanie est impressionnante, elle ne doit pas masquer que le corps souffre d’abord d’un manque de dignité, de délicatesse, de regards. Une des très belles scènes – et très drôle d’ailleurs – est celle où Stéphanie explique à  Ali que « faire l’amour » n’est pas juste un acte physique mais qu’il faut y mettre, justement, du sentiment. Et pour parvenir à  dire « je t’aime », certains doivent d’abord fracasser des murs d’indifférence, briser la glace du silence.

Magali Van Reeth

Signis

Pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés