Le ravissement de l’été de Luisa EXTENIKE

L‘auteur, basque et espagnole, née en 1957, romancière renommée dans son pays ; Le ravissement de l’été est son premier roman traduit en français.

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Trame narrative serrée, rigoureuse, efficace, en 3 parties, chacune introduite par une citation à  la gloire du vin.
La 1ère donne la parole à  Raul Urbieta, 30 ans, qui se souvient, 15 ans après, de Fermin, fils de paysans qui, l’été, louaient leur maison à  la famille de Raul. Fermin était le camarade contraint de Raul pendant les vacances. On comprend que Raul est devenu un adulte à  la dérive ; accablé de dettes, il sollicite sa mère, qui, bien que riche, ne veut rien entendre, ayant rejeté ce fils dépravé. Prêt à  tout pour faire plier sa mère, Raul trouve un moyen de la faire chanter, sous la forme d’ un cahier de dessins de vignes réalisé par Fermin à  l’intention d’Isabel, trouvé lors d’une fouille dans le « jardin secret » de celle-ci.
En 2ème partie, Fermin est le narrateur, -nous changeons alors complètement de point de vue -, l’on apprend à  quel point Fermin a détesté Raul, et comment il a été troublé par Isabel, la mère de ce dernier, qui l’a séduit lors du fameux été des vacances. Depuis, il a perdu ses parents dans un accident de voiture, et il a cultivé la vigne qui est sa passion. Il est encore célibataire, habité par le souvenir d’ Isabel. Or voici que revient Raul, le mauvais génie, qui tente de l’utiliser pour faire pression sur sa mère et lui parle du fameux cahier de dessins. Fermin ne cède pas. Raul se venge en détruisant son chai.
La 3ème section culmine avec le récit d’Isabel . Obligé de se manifester après le passage destructeur de Raul, Fermin téléphone à  Isabel et réveille le passé. Distante au début, Isabel s’interroge sur l’émoi amoureux qu’elle a provoqué chez Fermin il y a 15 ans ; de plus, on la devine obsédée par un événement traumatisant de son enfance. L’intensité dramatique du roman se renforce, mêlant les retrouvailles d’Isabel et Fermin avec la libération du souvenir traumatisant.
Le livre tire beaucoup sa beauté de l’hymne au travail de la vigne et au goût du vin, métaphores de la lente maturation de l’amour. S’y greffe une intéressante méditation sur la mémoire et le souvenir, celui-ci ayant valeur de repère fondateur.
Et pour terminer, cette phrase de Fermin :
»Il y a des vins faits pour être gardés, qui mûrissent et se révèlent très lentement. Qui promettent dès le début et tiennent parole. »

Geneviève VIDAL

Luisa EXTENIKE Le ravissement de l’été Robert Laffont Roman (189 p)
Traduit de l’espagnol par Carole Hanna

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