le Jour des corneilles

de Jean-Christophe Dessaint

France, 2011, 1h36

Sortie en France le 24 octobre 2012.

film d’animation, à  partir de 8 ans.

Un très beau film d’animation où la dimension contemplative amène les spectateurs – quelque soit leur âge – à  réduire la distance entre le monde des vivants et celui des morts.

Les studios Gebeka ont l’habitude de produire des films d’animation de qualité, pour le jeune public. Ce nouveau long-métrage, Le Jour des corneilles est une très belle réussite, tant sur le plan du dessin que celui de l’histoire. Pour son premier long métrage, le réalisateur Jean-Christophe Dessaint s’est inspiré du roman éponyme de Jean-François Beauchemin, adapté par Amandine Taffin. Gardant la trame narrative, il a créé un univers visuellement très original et très beau, pour aborder des thèmes difficiles que rencontrent tous les enfants.

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Dans cette histoire qui se déroule en partie en forêt, Jean-Christophe Dessaint a su réinventer une nature mystérieuse, par moment généreuse et apaisante, à  d’autres aussi angoissante que dangereuse. Comme le personnage du père en fait, un ogre peu loquace, rude et exigeant mais pédagogue et protecteur. Son fils est un être joyeux, filiforme et mobile, dont le royaume s’étend aux confins de cette forêt qu’il a interdiction de quitter. Pour lui seul, la forêt est peuplée d’êtres silencieux mais bienveillants.

Comme dans la tradition des contes de fées, Le Jour des corneilles aborde les thèmes du deuil, de la figure changeante du père, de la solitude. L’enfant est au cœur d’un monde dont il connait parfaitement les codes mais qu’il ne comprend pas. A l’inverse d’autres films plus consensuels, ici les morts ne ressuscitent pas. La forme graphique, extrêmement belle et soignée, permet de mettre à  distance les appréhensions naturelles de l’enfance. Les vivants apprennent à  surmonter leurs peurs et leur chagrin pour construire un monde plus apaisé, montrant ainsi le chemin aux jeunes spectateurs.

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Loin d’être triste, l’histoire du fils Courge, qui va sortir de son territoire pour sauver son père, et découvrir un autre monde, recèle des moments de tendresse, d’humour et bien sûr d’aventure… On est sous le charme de cette nature où le dessin traditionnel est source d’émerveillement. Les champs de blé traversés par les coquelicots ont une telle présence qu’on en respire l’odeur et la matière ! Et la pluie sur les grands arbres sombres de la forêt est un moment tout simplement magique. Magique aussi la rencontre avec ces êtres, mi-animal mi-humain, souvenirs poignants et forts de ceux qui nous ont quitté mais qu’on n’a pas oublié. Ou porte ouverte sur un au-delà  ? Jean-Christophe Dessaint laisse chaque spectateur la liberté de sa propre interprétation.

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Un très beau film, pour tout public à  partir de 8 ans.

Magali Van Reeth

Signis

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