Des étoiles

de Dyana Gaye

Sénégal/France, 2013, 1h28

Grand prix du jury et prix du public au Festival Premiers Plans d’Angers 2014

Sortie en France le 29 janvier 2014.

avec Ralph Amoussou, Marème Demba Ly, Souleymane Seye N’diaye

A l’heure de la mondialisation, l’envie d’ailleurs est partagée par de nombreux jeunes gens de tous pays, et cet exil auquel il aspire peut être une vraie chance.

Pour son premier long-métrage, Dyana Gaye, jeune réalisatrice aux origines multiples entre Afrique et Europe, a choisi de traiter l’exil d’une façon nouvelle par rapport aux nombreux films parus autour du même sujet. Ici, l’exil est montré comme mouvement international, librement choisi, avec ses moments de joie et de désespoir, comme dans toute vie, mais dans un élan qui permet de changer son destin, d’aller à  l’encontre d’autres cultures, d’autres façons de faire.

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Le titre même du film fait référence à  la « constellation de l’exil », reliant les individus dans un grand dessein/dessin qui dépasse les individus. La réalisatrice met en mouvement trois personnages : Sophie, jeune sénégalaise, part en Italie pour rejoindre son mari dont elle n’a plus de nouvelle depuis quelques temps ; Thierno, 19 ans, né et élevé aux États-Unis, arrive au Sénégal pour assister à  l’enterrement de son père, dont il n’a aucun souvenir ; et Abdoulaye, le mari de Sophie, arrive aux États-Unis pour, après l’Italie et la France, essayer de gagner encore plus d’argent. Tous les trois viennent de milieux aisés. Ni la misère ni l’engagement politique ou religieux, ne sont à  l’origine de leur mise en route. Il y a surtout l’envie de briser la ligne droite et immuable que d’autres ont tracé pour eux.

Des étoiles se déroulent donc dans trois lieux, trois villes très différentes. Dakar, l’Africaine par excellence, celle de l’île de Gorée d’où sont partis de nombreux esclaves, le siège de la colonisation française, la ville des touristes. Turin, ville industrielle du Nord de l’Italie qui a longtemps attiré les migrants nationaux. Et New York, le nouveau monde par excellence. Les langues se mélangent avec naturel, wolof, français, anglais ou italien. Dans cet univers cosmopolite, chacun passe d’une langue à  l’autre sans que cela pose un problème autre qu’éphémère.

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La réalisatrice croise sans pesanteur ces trois destins, les ambiances de ces villes si différentes mais tout aussi séduisantes, et les moments de détresse et de joie de chacun. Remarquablement interprété par Ralph Amoussou, Marème Demba Ly et Souleymane Seye N’diaye, Des étoiles nous fait partager ce souffle du grand voyage, celui qui nous fait tutoyer les constellations, en nous faisant sentir que nous participons tous du même mouvement. Si Dyana Gaye ne fait pas de l’exil un drame, c’est parce qu’au-delà  de la solitude, du désespoir ou du chagrin qu’on retrouve dans toute vie, il est aussi libération d’une tradition parfois pesante, l’arrivée d’un réel changement. Comme le personnage de Sophie et celui de sa tante le montrent.

Magali Van Reeth

Signis

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