Le Vent se lève

de Hayao Miyazaki

Japon, 2013, 1h30

Mostra de Venise 2013, compétition officielle.

Sortie en France le 22 janvier 2014.

film d’animation pour adolescents et adultes

Enraciné dans la réalité avec le personnage de Jiro Horikoschi et la période tourmentée de l’histoire qu’il traverse, ce film réussit la gageure d’être fidèle à  la tradition de lyrisme délicat du grand maître du dessin animé japonais.

La nuit, le petit Jiro rêve d’avions et le jour, il dévore les livres qui racontent l’épopée des premiers grands concepteurs, Giovanni Caproni en tête. Sa myopie l’empêchant de piloter, l’avenir s’ouvre à  lui comme ingénieur. Travailleur infatigable, il accède rapidement à  un poste important dans l’industrie aéronautique japonaise naissante (où des couples de bœufs tirent les avions jusqu’au terrain !). Ses chefs l’envoient donc en Allemagne pour progresser plus vite.273764_9359df7fadcd2561c600c4f2108c7648.jpg

Le jour du tremblement de terre de Tokyo en 1923, il vient au secours d’une jeune fille et de sa mère. Quelques années plus tard, il retrouve par hasard Nahoko à  la montagne où elle soigne sa tuberculose. Dès lors sa vie professionnelle se double d’une vie sentimentale.273764_7d46c9056cbb5b4c9de86b9684fdcd07.jpg

« Le vent se lève, il faut tenter de vivre », le final du Cimetière Marin de Paul Valéry qui donne son titre au film fournit la double clef de cette belle histoire : cité en français (!!) par Caproni, il est la métaphore poétique de l’aventure aérienne. Repris par la jeune Nahoko, il devient l’injonction courageuse qui signe la générosité de la jeune femme ainsi que la profondeur de son amour pour Jiro. Les derniers mots qu’elle lui adresse avant de mourir y font directement écho : « vis ta vie ».

Car l’engagement de Jiro dans son métier-passion est total et sa réussite ne s’encombre pas de scrupules : inventeur du chasseur bombardier Zéro que les kamikazes ont rendu tristement célèbre, il ne s’interroge jamais sur l’utilisation mortifère de son génie.273764_37403697c01f8470d7c8dfc03aa09731.jpg

Enraciné dans la réalité avec ce personnage de Jiro Horikoschi et la période tourmentée de l’histoire qu’il traverse (tremblement de terre, grande dépression, guerre aux côtés de l’Allemagne nazie), ce film réussit la gageure d’être fidèle à  la tradition de lyrisme délicat du grand maître du dessin animé japonais. Les paysages, paisible campagne ou majestueuse montagne (explicitement référée à  La montagne magique de Thomas Mann), génèrent une douceur qui équilibre les scènes impressionnantes de séisme et de destruction d’avions. La musique due à  Joe Hisaïchi ajoute au charme de ce film-testament, Miyazaki ayant annoncé son intention d’arrêter là  sa carrière. Enfin « Le vent souffle où il veut » : puisse-t-il inspirer au maître encore quelque chef d’œuvre !

Michèle Debidour

SIGNIS

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