PARTY GIRL

Le blog Cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Angélique a la soixantaine et bien des années de galère derrière elle. Son univers, c’est celui de la nuit. Pendant trente ans, elle fut entraîneuse de cabaret dans son Est natal, près de Forbach. Mais sa vie, ce n’est pas que cela. Elle a quatre enfants, aujourd’hui jeunes adultes, qu’elle aime plus que tout mais à  sa manière à  elle : au gré de ses chagrins, de sa vie nocturne. On sent une vie cabossée, celle des « gens de peu » dont on évite parfois le regard ou la proximité et pourtant si attachants dans leur combat quotidien pour avoir une existence honnête et digne.
Le troisième enfant d’Angélique, c’est Simon Theis, l’un des réalisateurs du film, celui qui a réussi à  Paris et qui brosse ainsi un étrange portrait de sa mère, de ses frères et sœurs. Ce qui donne à  Party Girl des allures de docu- fiction. On ne sait plus bien qui joue, qui est dans sa réalité.
Mais justement, c’est dans ce roulis entre rire et larmes, scènes du quotidien et morceaux inventés que se situe la vérité de chacun et qui crève l’écran.
La caméra est sans cesse au plus près de ces «acteurs » comme si elle voulait les prendre dans ses bras ou les violenter à  l’image de la vie d’Angélique.

Angélique n’a plus beaucoup de clients à  son âge, le corps et le visage ravagés par les excès en tous genres. Mais le cœur est toujours prêt à  aimer. Louis, un client amoureux, lui propose de l’épouser et le film est le récit des retrouvailles de tous les enfants pour préparer le mariage. Ce qui vaut un instant savoureux avec le prêtre de la paroisse, très juste dans ses questions et son accompagnement
Les toasts portés par chacun des enfants à  leur mère, le soir du mariage, est l’un des moments les plus forts du film : une vraie boule d’émotions pour tous.
Mais Angélique a du mal à  imaginer la vie avec Louis Le soir de leurs noces, elle l’abandonne pour rejoindre ces compagnons qu’elle ne se résout pas à  quitter : les gens de la nuit.
Et la dernière image la montre, comme celle de l’affiche, extatique, heureuse, dansant les bras en l’air sur la musique déchirante de la chanson : « Party girl..
Derrière le rimmel et les paillettes, le portrait d’une femme à  fleur de peau.

Ce film a obtenu la Caméra d’Or au dernier festival de Cannes qui récompense un premier film.

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