La belle jeunesse

de Jaime Rosales avec Ingrid Garcia-Jonsson et Carlos Rodrigues
(2014 Espagnol, 1h43).

Cannes 2014 : Jury Œcuménique, Mention spéciale.

Film sorti en salles le 10 Décembre.

Chroniques cinéma – de Marie-Noëlle Gougeon

Si le film « Les Héritiers » témoignait d’un possible espoir pour la jeunesse d’un lycée de banlieue parisienne, l’avenir de la jeunesse d’une banlieue madrilène apparaît bien sombre.

Le titre est pourtant juste car ces jeunes d’une vingtaine d’années n’aspirent qu’à  trouver du travail, un logement et commencer leur vie d’adultes d’une manière autonome.

Natalia et Carlos s’aiment, un bébé s’annonce et la jeune femme fait le choix de le garder. Ils vont aller vivre chez le garçon mais pas facile avec une mère malade.

Alors, le jeune couple cherche à  trouver de l’argent facilement, jusqu’à  tourner dans un film pornographique. Expérience qui restera unique pour le couple mais pas pour Natalia

C’est la galère de cette jeunesse espagnole étranglée par une vie sans grand espoir: pas de travail, pas d’argent. On survit en se serrant les coudes, avec les copains qui eux aussi désespèrent. Reste les rêves : « Je te construirais une maison », les jeux vidéo, les messages sur les réseaux sociaux jusqu’au départ de Natalia pour l’Allemagne un pays qui embauche. Oui, mais pour quel travail ? La chute du film tombe comme un couperet

Jaime Rosalès a su par la qualité de ses interprètes, son talent de réalisateur nous restituer à  la manière d’un entomologiste la réalité de la vie de cette jeunesse perdue de Madrid. Il y a une grande qualité dans les cadrages qui scrutent la densité dramatique d’une situation, les non-dits, les souffrances, et les coups de tendresse de ces touts jeunes adultes.

Une des plus belles trouvailles de Jaime Rosales est d’avoir inscrit dans son film des séquences sans musique où le monde 2.0 occupe l’espace avec les écrans des consoles de jeux, les conversations entre amis sur Facebook, les photos que l’on poste sur Instagram.

Subitement c’est l’irruption dans la noirceur de la vie quotidienne de tout l’humour désespéré de cette « Belle jeunesse » mais aussi l’amitié, l’envie d’autre chose, le rêve

De l’autre côté des Pyrénées, la jeunesse espagnole se bat avec énergie pour survivre à  défaut de vivre, prenant le chemin de l’exil s’il le faut, s’arrachant au pays, comme le firent leurs grands-parents après la guerre civile. Triste rappel de l’histoire

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