Chroniques Cinéma – « Hope »

de Boris Lojkine

avec Endurance Newton et Justin Wang. (Film français 1h30).

Ciné Mourguet à  Ste Foy-lès-Lyon le lundi 23 Février à  20h45
Une séance sera programmée en présence du réalisateur .

Chroniques Cinéma de Marie Noëlle Gougeon

Le périple plein de dangers, de peur et de mort de deux jeunes migrants : l’une nigériane, l’autre camerounais, sur la longue route de l’exil. La réalité de ces voyages comme vous ne l’avez jamais vue.

Elle s’appelle Hope (espoir en anglais), elle est Nigériane. Lui, Léonard, est camerounais.

C’est dans un camion de passeurs, à  la limite de l’Algérie, qu’ils vont faire connaissance. Elle est la seule femme. Laissée sur le bord de la route après un viol collectif, elle n’a aucune chance de s’en sortir. Pris d’affection pour elle, Léonard l’attend, abandonnant sa place dans le convoi..

Ainsi, ces deux compagnons d’infortune vont s’épauler tant bien que mal, lui d’abord réticent, elle mutique. Affronter ensemble les obstacles innombrables du périple va les rapprocher jusqu’à  faire naître entre eux des sentiments plus tendres.

Mais la dure réalité les rattrape bien vite, l’horrible réalité des passeurs qui les rackettent, les rançonnent. C’est comme çà  : pour franchir toutes les frontières, il faut payer en monnaie ou en « nature » pour Hope qui en tant que jeune femme est une proie facile et son corps, une marchandise. Hope et Léonard font face aussi à  l’organisation mafieuse des règles implicites des passeurs. Chaque communauté (camerounaise, nigériane, ivoirienne, etc..) est regroupée en ghettos avec à  sa tête un « chairman » qui fait régner la terreur : violences, vol, prostitution, trafic d’armes et d’argent, séances vaudou. On se demande si ce qu’ils doivent endurer pendant ce voyage n’est pas pire que ce qu’ils vivaient dans leur pays. Et pourtant, ils sont l’espoir de leur famille restée au village : il faut coûte que coûte qu’ils atteignent l’Europe, pour envoyer de l’argent.

Léonard n’aura de cesse de soutenir Hope, refusant de l’abandonner à  ces brutes sans foi ni loi, au péril de sa vie. La dernière séquence, poignante, montre que l’espoir est mince d’apercevoir sur les côtes d’Espagne une vie meilleure.

Hope est un film coup de poing qu’il faut aller voir pour se rendre compte de la réalité sordide et déshumanisante de la vie de ces candidats à  l’exil et au voyage. L’histoire d’amour entre Léonard et Hope apporte la preuve que la dimension humaniste ne disparaît pas complètement malgré la violence et peut adoucir une réalité très sombre. Les scènes entre les jeunes gens sont d’une grande douceur : le bain dans la rivière, deux ou trois oranges partagées, l’apprentissage de quelques mots de français.

Boris Lojkine vient du documentaire et réalise un film fort, à  l’image et aux cadrages soignés, et qui enrichit la façon dont nous connaissions déjà  cette réalité-là . Même si le scénario s’embrouille parfois dans les configurations de toutes les communautés traversées, tous les ghettos.

Les deux jeunes « héros » du film sont des migrants eux-mêmes et non des comédiens professionnels. Et aujourd’hui, ils n’ont toujours pas réussi à  gagner l’Europe : Hope -Endurance est toujours au Maroc. Léonard- Justin a pu retourner voir sa mère au Cameroun.

Hope est un film à  voir pour la réalité qu’il montre, pour la description « de l’intérieur » de cette violence, de l’immense pauvreté de ces groupes : pauvreté matérielle, culturelle et religieuse
Une leçon d’histoires et de vies.

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