Chroniques cinéma – « Le dernier coup de marteau »

d’Alix Delaporte

avec Clothilde Hesme Romain Paul,Grégory Gadebois.

(Drame français 1h24 2015).

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Un drame intimiste et l’éveil d’un adolescent au monde des émotions grâce à  la musique et à  la rencontre avec un père inconnu. Une révélation : le jeune comédien Romain Paul.

Lorsque Victor, 13 ans, apprend que son père, qu’il n’a jamais connu, est revenu vivre à  Montpellier où il habite avec sa mère, il veut le rencontrer. D’abord réticent, le géniteur bourru et solitaire va peu à  peu se prendre d’intérêt pour cet ado qui ne désarme pas et passe outre ses refus. Car il faut dire que Samuel Rovinski, ce « papa nouveau » est imposant puisqu’il dirige d’une main de fer l’orchestre de l’Opéra de Montpellier
Victor est bien loin de ce faste et de ce monde culturel. Il habite loin de la ville au bord de la mer sur un terrain vague dans une caravane avec sa mère Nadia, lourdement malade. Lui, ce qu’il aime, c’est le football. D’ailleurs doué pour ce sport, il vient d’être pressenti pour entrer au centre de formation des jeunes du club de Montpellier. Mais il rechigne à  l’annoncer à  sa mère, aux modestes moyens ; secret, et doutant de l’issue fatale que la maladie de sa mère pourrait connaître, il tait ses sentiments, ses craintes, ses émotions.

Et c’est justement avec ce père qu’il va s’éveiller au monde sensible. Samuel Rovinsky lui fait écouter la 6ème symphonie de Mahler dite « Des trois coups de marteau ». Les coups du destin. Et lui le fils mutique va s’ouvrir à  cet univers musical où les sentiments sont exprimés par une mélodie, des instruments : il aura enfin quelque chose à  dire et à  partager avec sa mère.

C’est un très joli film, sensible, fait de petites touches qui nous est offert là La lumière du midi irradie chaque plan, alors que la vie semble abandonner le corps de la mère de VictorEn découvrant le monde de l’opéra, celui de son père, le jeune garçon laisse s’exprimer cette partie de lui qu’il ne connaissait pas. Et en en même temps ce père, dur, à  la limite du mépris pour ses musiciens, s’humanise à  son contact.
Les plans sont courts et nous font passer sans cesse d’un univers à  l’autre, en suivant précisément ce va- et-vient existentiel de Victor, ce jeu de balancier entre sa mère et son père.

C’est le deuxième film d’Agnès Delaporte, une jeune cinéaste qui avait tourné « Angèle et Tony ». Le jeune Romain Paul qui interprète le rôle de Victor est d’une présence étonnante, c’est une vraie révélation. Il a d’ailleurs reçu le prix Marcello Mastroianni du jeune espoir à  la Mostra de Venise 2014.
Clothilde Hesme est d’une sensibilité à  fleur de peau, très touchante.
La « petite musique » de ce « Dernier coup de marteau » résonne longtemps après le mot fin du générique.

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