Chroniques cinéma  » Un homme idéal « 

de Yann Gozlan

avec Pierre Niney, Ana Girardot,

Français 1h35. 2015.

Un thriller à  moitié réussi sur une usurpation et un plagiat littéraire. La réalisation est soignée, Pierre Niney très convaincant mais le scénario manque en 2ème partie de profondeur psychologique.

Mathieu, 25 ans, travaille comme déménageur mais se rêve en auteur. Son dernier manuscrit a été refusé. Au cours d’un déménagement, il découvre le journal d’un ancien soldat de la guerre d’Algérie enveloppé de cuir. Le vieux monsieur est mort sans héritiers. Une idée germe dans la tête du jeune homme puis est vite concrétisée : il tape le document sur son ordinateur, l’envoie, il est accepté par une maison d’éditions. Bingo ! Le voilà  auteur reconnu, le livre s’arrache, il est riche, trouve même l’amour avec Alice, une jeune historienne. Ce rêve éveillé pourrait continuer sans problèmes. Personne n’a deviné la supercherie, pas même ses beaux-parents, famille bourgeoise passant des vacances idylliques dans leur villa somptueuse de la Cote d’Azur avec Mathieu et Alice bien entendu. Personne ? Si justement le filleul de son beau-père, secrètement amoureux de la femme de Mathieu et qui flaire la supercherie. Et puis aussi, un homme croisé à  une séance de dédicaces à  Nice, qui a connu le soldat d’Algérie et qui sait que Mathieu a volé son succès.

Un climat angoissant commence à  nimber ce « beau conte de fées ». D’autant que l’éditeur de Mathieu le presse de lui envoyer un deuxième ouvrage. Le jeune homme n’arrive pas à  aligner deux mots sur la page blanche, et pour cause, et il sent l’étau se resserrer.

La deuxième partie du film est consacrée à  la manière dont le déménageur-écrivain va se défaire de ce piège dans lequel il s’est enferré. Et si la première partie de l’histoire s’attachait à  brosser un portrait psychologique du personnage, à  décrire la création littéraire, les problèmes d’inspiration, d’écriture, la seconde bascule dans les codes du polar avec assassinat, cadavres à  cacher, accident maquillé, identité usurpée. Finalement Mathieu n’a pas réussi à  être un écrivain, comme il ne réussit pas à  sortir de son dilemme sauf à  imaginer de faire disparaître ses contradicteurs et lui-même : assassinat pour eux, faux- accident pour lui. Il va bien réussir à  la fin de son séjour à  écrire un méta-roman sur ses difficultés d’écrivain justement…Mais on ne croit pas vraiment à  cet ouvrage rédigé en quelques jours.

La fin du film (que je ne dévoile pas) est jolie, bien imaginéemais on reste sur sa faim, mi-figue, mi-raisin

Yann Gozlan sait filmer, ses plans sont léchés, il sait tenir une caméra et on ne boude pas ce plaisir visuel. Le choix de tous les comédiens est très bon. Pierre Niney (Mathieu) est excellent dans ce rôle de présence-absence, on pense à  Anthony Perkins. Ana Giradot (Alice) est absolument craquante. Tous deux iront loin ! André Marcon et Valéria Cavalli jouent à  merveille le rôle des beaux-parents aimants.

On aurait aimé un vrai thriller psychologique pour mieux comprendre les arcanes de l’imposture et du plagiat littéraire. Mathieu avait affiché la photo de Romain Gary dans son studio. Le passé de l’écrivain aurait dû davantage inspirer Yann Gozlan. C’est tout un art de mentir !

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