Chronique cinéma-L’homme irrationnel

de Woody Allen

avec Joachin Phoenix, Emma Stone.

Comédie dramatique. 2015. Américain

Entre thriller et marivaudage sexy-métaphysique, cet « Homme irrationnel » raconte l’histoire d’un professeur de philo mélancolique et cynique jouant un peu à  la roulette russe avec sa vie Tel est pris qui croyait prendre Un Woody Allen en demi-teinte

Abe, professeur de philo, la cinquantaine fatiguée, son whisky à  la main, arrive à  l’Université de Newport pour prendre son nouveau poste. C’est un homme revenu de tout : ses frasques amoureuses, ses périples humanitaires aux quatre coins du monde, sa notoriété. La mort d’un ami en Irak a fini de lui enlever ses dernières lueurs d’optimisme.
Très vite, il est accosté par Rita, une collègue en manque de relations masculines mais surtout il est attiré par l’intelligence et le joli minois d’une de ses étudiantes, Jill
Il va mener de front ces deux liaisons, sans grande passion, mais on le sait, le genre bad boy écorché vif est de ceux qui plaît aux jolies femmes, jusqu’au jour où il entend parler d’un juge aux affaires familiales exécrable qui risque de détruire la vie d’une future divorcée tant il semble prendre le parti du mari.
Voilà  notre prof de philo dépressif et désabusé se trouvant soudain un regain de vitalité et un but à  sa vie : éliminer ce mauvais juge. Il ne le connait pas, donc crime parfait car personne ne songera à  l’accuser. Il met sa menace à  exécution, jusqu’au coup de théâtre final.

Le film badin et toujours comme chez Woody Allen passablement bavard et cérébral vire au thriller
Commencé comme un marivaudage léger et cynique, il se termine comme une traque psychologique et Abe tombera .. de haut !
Le dernier film de Woody Allen ravira les amateurs de duels psychologiques brillants, un peu intellectuels mais pimentés de personnages féminins au physique séduisant. On y évoque le sens de la vie, le destin, le libre-arbitre, Kiekergaard et Kant. Le tout arrosé de bonne rasade de whisky et porté par des mélodies jazzy…sans oublier la vie d’un campus américain avec ses quadras en mal d’amour, une jeune étudiante sous le charme et des fils à  papa désœuvrés.

De nombreux thèmes se croisent dans ce Woody Allen à  la construction narrative et cinématographique lumineuse : une question philosophique sur les raisons de vivre, une interrogation morale : peut-on se prendre pour un justicier même pour une bonne cause ?
Mais c’est également une étonnante photographie de l’Amérique et de ses démons que nous propose le réalisateur de Manhattan : le sexe dont on parle mais que l’on voit peu, le goût des armes, celui de l’alcool, une Amérique arrogante à  l’abri du besoin mais dépressiveA quoi croit-elle ?
Enfin, une représentation critiquable des personnages féminins : soit quasi nymphomanes ou toujours très court vêtues !

Joaquin Phoenix apporte toute sa nonchalance et sa sombre séduction au personnage d’Abe. Emma Stone est délicieuse comme un bonbon acidulé entre ingénuité et persuasion. Elle est craquante.
Le film est fluide, apportant une vraie touche américaine par le cadre universitaire choisi ( l’Université de Newport) et la bande son très jazz mais parfois trop présente.
On regrettera peut-être que le film soit un peu en deçà  de ce qu’on espérait pour un réalisateur passé maître dans l’introspection psychologique. Il manque quelques moments de vraie émotion, dans les larmes ou les battements de cœur

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=228707.html

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