Chronique cinéma – Le grand jeu

de Nicolas Pariser

avec André Dussolier Melvil Poupaud

Thriller français (2015) 1h39.

Un thriller politique réussi sur ces jeux de pouvoir et ces hommes de l’ombre fascinés par les chausses -trappes et les « mises à  mort » qui se finissent parfois dans le sang. Un très bon 1er film de Nicolas Pariser. André Dussollier au meilleur de sa forme.

Faut-il vraiment désespérer de la politique ? Le 1er film de Nicolas Pariser «Le grand jeu » le laisserait à  penser.
Il raconte les méandres et les « jeux de pouvoirs » auxquels se livrent des femmes et des hommes de l’ombre pour asseoir un pouvoir, défendre leur cause, placer leurs poulains. Tout est bon : la manipulation, l’infiltration, le mensonge.
A ce « petit jeu » un homme excelle. C’est Joseph Paskin (excellentissime André Dussollier), homme de réseau et farouche détracteur du Ministre de l’Intérieur qu’il espère faire tomber.
Pour cela il va approcher Pierre Blum, un jeune homme brillant, auteur d’un unique ouvrage politique à  succès dix ans auparavant et membre alors d’un groupuscule de gauche. Il représente le « camp d’en face ». Celui des étudiants, des militants qui espèrent de leurs vœux que le système va exploser, qu’une autre voie est possible.

Aujourd’hui fauché, en retrait, séparé de sa femme, Pierre Blum traîne son ennui. Paskin a des amis dans les médias, dans les sphères du pouvoir et ainsi il fait « sortir » opportunément dans la presse ou les discours du ministre ses propres idées !
Paskin va alors demander à  Pierre Blum d’écrire sous un faux nom, un pamphlet « L’insurrection qui vient » qui serait attribué à  tort à  l’un de ses anciens amis gauchistes, Louis, aujourd’hui retiré dans une ferme du Limousin avec ses anciens copains. Cette machination que monte J. Paskin n’ayant pour but que de mettre le Ministre de l’Intérieur dans l’embarras car se voyant reproché de ne pas contrôler ces groupes d’extrême gauche. P. Blum écrira le livre mais l’affaire ne se déroulera pas comme prévu. Tel est pris qui croyait prendre à  ce « Grand jeu » de dupes.

On ne peut s’empêcher de penser à  l’affaire de Tarnac (ces jeunes gauchistes emprisonnés sans réel motif de condamnation) et à  l’affaire Boulin car Paskin sera lui aussi retrouvé mort auprès d’un étang.
Mais le film délivre aussi un autre message plus général sur le sens de l’engagement, le rôle des intellectuels dans la prise de conscience politique des gens. Peut-on croire encore aujourd’hui à  un soulèvement populaire? Le ou les systèmes ne sont-ils pas si forts, si imbriqués les uns dans les autres que tout espoir de changement est vain ? Que reste-t-il alors ? L’amour ? Le bonheur ici et là  ? Se consacrer à  son environnement proche, retrouver des modes de productions et de relations à  échelle humaine ? Les idéaux collectifs semblent bien loin.
Pierre Blum sortira enfin un livre sous son véritable nom. Signe que l’espoir peut-être n’est pas perdu. Melvil Poupaud romantique à  souhait, prête ses traits à  cet d’écrivain égaré dans ce mécano trop grand pour lui. Le jeu de séduction entre lui et Dussolier est excellent.
Nicolas Pariser signe là  un thriller politique convaincant avec quelques facilités mais aux dialogues qui font mouche. Ce n’est pas si souvent dans le cinéma français pour qu’on le salue ici

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19557692&cfilm=232217.html

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