Latifa – Le Coeur au combat

Un film de Cyril Brody et Olivier Peyon

France – 2017 –  1 h 37

En ces jours où se tient à la Cour d’Assises spéciale de Paris, le procès des complices présumés de Mohammed Merah, il n’est pas inutile de se souvenir des évènements qui ont conduit, au cours de l’année 2012, à la mort de 3 militaires, d’un directeur d’école juif, et de 3 enfants juifs. L’un des militaires était le maréchal des logis chef Imad Ibn Ziaten. Il était âgé de 31 ans.

Le film de Peyon et Brody s’attache aux pas de Latifa Ibn Ziaten, la mère d’Imad, qui parcourt le monde, la France essentiellement, mais aussi quelques pays lointains (le Proche-Orient, la Chine, le Maroc, son pays d’origine), pour porter un incessant et poignant témoignage de paix, de fraternité, de tolérance. Soutenue par l’association Imad pour la jeunesse et la paix qu’elle a elle-même créée, Latifa se tourne vers différents publics, mais s’adresse tout particulièrement aux  adolescents dont elle connaît très certainement la facilité à se laisser entraîner dans des aventures violentes dont l’Islam radical est certainement l’un des pires exemples. Certains échanges entre Latifa et ces jeunes montrent clairement que ce risque est loin d’être utopique ! Et l’on voit et comprend aussi ce qu’est la souffrance de beaucoup de jeunes que l’on dit trop pudiquement « issus de l’immigration ».

Latifa milite aussi au-delà du monde scolaire, en intervenant, par exemple, en maison d’arrêt (Très puissant discours devant des prisonniers extrêmement attentifs).

La fin du film révèle une montée en puissance de l’engagement de Latifa, quand on la voit se rendre, non sans difficultés, en Palestine et en Israël, avec le désir ardent de réunir à Paris, dans la fraternité et dans la paix, de jeunes Palestiniens et de jeunes Israéliens.

Le documentaire, qui n’aurait pu être qu’un téléfilm réussi, est bien une oeuvre de cinéma, avec une photographie très soignée en format scope, et un montage très calibré qui efface opportunément le risque de monotonie que pourrait susciter le discours inlassablement répété de Latifa.

En plus d’un témoignage fort sur la détresse que ressent une mère à la suite de la mort d’un fils, tombé sous les balles d’un terroriste, et sur la façon de surmonter cette douleur et d’en faire un combat, le documentaire constitue un admirable portrait de femme. De femme forte, d’un courage et d’une résilience peu communs.

Pierre QUELIN.

 

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