Cinéma – L’Ile aux chiens

Un film de Wes Anderson – Etats-Unis – 2017 – 1 h 41 mn

Toujours placés sous le signe du nonsense, de la fantaisie, du merveilleux, les films de Wes Anderson (9 longs-métrages à la date), constituent certainement l’une des oeuvres cinématographiques les plus originales et les plus abouties du cinéma étasunien.

En 2009, Anderson s’était déjà essayé à l’art difficile de l’animation, en nous donnant le superbe Fantastic Mr. Fox. Voilà qu’il récidive avec cette Ile aux chiens, confirmant qu’il est tout autant à l’aise dans ce genre de cinéma, que dans celui mettant en scène des personnages réels (Souvenons-nous, par exemple, de Moonrise Kingdom, ou de Grand Budapest Hôtel). Et la réussite est complète !

Cette île aux chiens, c’est celle où sont exilés, avant d’être probablement éliminés, tous les représentants de la gent canine de la ville de Megasaki, son maire, le sinistre et odieux Kobayashi ayant décrété que ces animaux répandaient de graves et dangereuses maladies (Comme la fièvre truffière !), et que le moment était venu de remplacer tous les canidés par des chats.

Atari, le propre fils adoptif de ce cruel dictateur, voit donc disparaître son chien Spots qui lui servait de garde du corps. Sans se douter des multiples dangers qu’il va devoir affronter, Atari décide de rejoindre l’île pour retrouver Spots, le délivrer, et le ramener avec lui.

Sur cette trame, Wes Anderson construit un film de toute beauté, émaillant son récit de multiples trouvailles scénaristiques, constamment riches en rebondissements, entretenant un véritable suspense, même si l’on imagine, à juste titre, une fin heureuse.

Ce qui séduit d’abord dans ce film, c’est sa formidable beauté plastique, en raison de la richesse de ses couleurs et de ses éclairages, de l’originalité de la construction de ses images, de la subtilité et de la finesse de l’animation. Une autre qualité du film, c’est son humour et son ironie qui font constamment mouche, s’appuyant sur du comique de situation souvent très drôle, mais aussi sur des dialogues  particulièrement bien soignés et ciselés.

Ensuite, et ce n’est pas la moindre  des qualités du film, Wes Andeson nous dit de très belles choses  au travers de l’amitié qui unit Atari et son chien Spots, mais aussi à l’occasion des rencontres de l’enfant avec une formidable et très pittoresque équipe de chiens qui vont, bon gré, mal gré, l’accompagner dans sa recherche. Face à la méchanceté perverse du maire Kobayashi, vont se révéler des relations et des comportements empreints de courage, d’amitié, de solidarité, de compassion, et même d’un certain héroïsme. Tout cela conduit à faire aussi de ce film très distrayant, un véritable manifeste humaniste, sans aucune lourdeur sentencieuse, l’humour venant toujours accompagner, et même souligner, le message de fraternité.

De cette façon, le film de Wes Anderson parvient à réjouir tout autant les yeux que le coeur, et constitue ainsi une des plus belles découvertes de ce début d’année cinématographique.

Pierre QUELIN.

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Atari et Spots

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