Théâtre – Une saison qui commence bien au TNP

Illusions – Ivan Viripaev

Encore quelques jours pour voir Illusions et découvrir un auteur russe contemporain de quarante-quatre ans et qui, venu de Sibérie en passant par Moscou, est maintenant au programme des scènes internationales, servi, il est vrai, par une excellente traduction.

Sa biographie nous apprend qu’il aurait pu mal tourner après une jeunesse orageuse, mais le théâtre l’a sauvé… et c’est bien une figure ascétique qu’il affiche actuellement, rendant la parallèle avec Genet obsolète.

Illusions est l’histoire d’un ménage à quatre qui, on le sait, a beaucoup inspiré les dramaturges, en commençant par les Jeux de l’Amour (Marivaux), le vaudeville bien sûr (Guitry avec Quadrille), la violence des rapports humains (Heiner Muller avec Quartett). Mais ici, le propos est plus original.

Tout commence par une merveilleuse déclaration d’amour remarquablement servie  par une jeune comédienne qui nous rapporte le récit de Dannis, un vieillard qui sentant sa mort prochaine, au terme d’une longue vie, remercie son épouse Sandra de plus de cinquante ans de vie conjugale. On a la larme à l’oeil, mais tout se complique lorsque les autres protagonistes rapportent à leur tour les liens qui unirent Dannis et Sandra…. et Albert et Margaret, l’autre couple très proche, si proche que…. A chacun sa vérité, avec le décalage de l’humour évoquant les dramaturges anglais Mark Twain et Bernard Shaw, de sorte que de l’humour au mensonge pour rire, on ne sait plus s’il s’agit d’une comédie ou d’une tragédie, d’autant que le décalage entre les quatre jeunes gens qui rapportent les propos et jouent les situations des quatre vieillards, fait appel à l’illusion-même dont se nourrit le théâtre.

L’Illusion Comique de Corneille  a probablement inspiré l’auteur, dont la construction dramatique fait preuve de beaucoup de maturité.

Bien sûr, l’intrigue est le prétexte à une interrogation sur l’amour: peut-on parler d’amour quand il n’y a pas réciprocité ? Amour et sexualité ?  Qu’est-ce donc que l’amour ? Et qu’est-ce qui fonde notre identité ? La vie n’est-elle qu’un songe ?

Olivier Maurin, le metteur en scène, responsable d’une compagnie en longue résidence au Théâtre de la Renaissance à Oullins, a trouvé un dispositif  de mise en espace très original que l’on ne peut révéler pour vous garder la surprise, mais pour vous mettre l’eau à la bouche. Un indice: ILLUSIONS ou D’AMOUR ET D’EAU FRAICHE…

Hugues Rousset

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Représentations jusqu’au samedi 13 octobre 2018

www.tnp-villeurbanne.com

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Ivan Viripaev

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