Littérature – Dites-lui que je l’aime

Un récit de Clémentine Autain – 2019 – Grasset – 164 pages – 16 €

C’est un très beau récit, très émouvant, entre littérature et cinéma que nous livre Clémentine Autain avec ce livre Dites-lui que je l’aime.

Ce titre a d’abord été celui d’un film que Claude Miller a réalisé en 1977. C’est ce titre que Clémentine Autain a choisi pour évoquer sa mère, l’actrice Dominique Laffin, héroïne principale du film de Miller. Dominique Laffin, décédée en 1985 à 33 ans a connu une carrière fulgurante, mais une vie brisée.

Clémentine Autain décrit avec une sincérité bouleversante, cette mère défaillante, dévastée par l’alcool et une vie sans repères. Elle avait 12 ans quand elle l’a perdue. Une mère qui l’abandonnait, l’oubliait, la mettant en danger en permanence. Et pourtant une mère qui pouvait être chaleureuse, drôle.

Clémentine Autain est aujourd’hui une personnalité politique dans une formation très à gauche. Femme combative, elle a peut-être trouvé dans le tragique de son enfance la nécessité de se forger une carapace pour survivre, carapace qui devient précieuse dans le monde politique.

 

Clémentine Autain

Pour survivre, elle dit avoir oublié absolument tout de sa mère. Les souvenirs, photos ou articles, sont symboliquement enfouis dans une malle que pendant 30 ans elle n’ouvrira jamais, ne supportant même pas, surtout pas, qu’on évoque devant elle le talent de l’acrtice Dominique Laffin.

Au fil des années, me couper de toi était devenu une seconde nature. Je t’avais planquée, serrures fermées à double tour. Si le film du dimanche soir était « Garçon » de Claude Sautet, je trouvais un autre programme. Si l’une de tes anciennes connaissances ou je ne sais quel admirateur venait me dire tout l’amour, la reconnaissance, la tendresse qu’il te portait, je m’accrochais aux verrous de la porte fermée, et adoptais un masque impénétrable.

Mère à son tour, Clémentine Autain est confrontée au désir de ses enfants d’en savoir plus sur leur grand-mère. Vient le jour où elle ouvre la malle aux souvenirs et renoue avec l’actrice qu’elle découvre talentueuse, sensible, engagée. Pour mieux la retrouver, elle rencontre ceux qui l’ont connue, et en particulier Jacques Doillon qui lui a offert, d’après l’auteure, son plus beau rôle avec La Femme qui pleure.

C’est ainsi que revient vers elle une femme à laquelle elle ressemble finalement énormément. Histoire d’une réconciliation avec une mère morte trop tôt, mais surtout d’une réconciliation avec elle-même.

Au-delà de ce récit touchant, Clémentine Autain fait revivre une page du cinéma des années 70 avec des réalisateurs tels que Claude Miller, Jacques Doillon, Catherine Breillat…

Invitée au Festival Lumière  le 14 octobre, Clémentine Autain évoquera l’actrice Dominique Laffin que le public avait peut-être, oubliée.

Marie Paule Dimet

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Dominique Laffin

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