Le Toucher du monde (expo)

Musée Paul-Dini, Villefranche s./ Saône

18 mars – 17 septembre

Jean Charles Eustache, Pièce (2015)

Une œuvre d’art nous « touche », et, normalement, on ne la touche pas. Noli me tangere, dit Jésus à Madeleine. L’épiphanie du monde comme celle du corps du Ressuscité ne sont pas à retenir. Ce sont elles qui nous rencontrent. Fenêtres ouvertes sur le monde, les toiles parfois nous happent, pour peu du moins que l’on s’y livre, s’y abandonne.

Le musée de Villefranche propose une exposition de tableaux contemporains faisant dialoguer des productions d’une trentaine d’artistes Le dialogue est d’autant plus au cœur de l’exposition que celle-ci met en relation la collection du musée caladois et celle du Fond d’art contemporain d’Auvergne.

Ainsi commence-t-on : un visage d’enfant, un torse d’enfant, un enfant en pied, quatre personnages, puis deux silhouettes dans un décor qui brouille les formes, puis l’abstraction prend le dessus. Ce fil tendu d’une œuvre à l’autre ne dit évidemment pas tout, parce que chaque œuvre est bien plus que ce qu’il retient. Mais il aide à saisir ce que chacune apporte dans un dialogue avec celles qui l’entourent, et par-là donne à entendre ce que chacune dit, ou plutôt, comment chacune nous touche.

Chacun s’attardera sur le travail photographique, les compositions à l’encre ou les nombreuses peintures sur toile. Qu’est-ce qui est exposé dans le Toucher du monde, les œuvres ou les spectateurs ? Miroirs tendus, non pour que l’on s’y mire, mais pour dévoiler ce que chacun perçoit, comment chacun perçoit, ce que regarder signifie.

On se laissera émouvoir, à condition précisément de s’exposer, par les petites surfaces de Jean-Charles Eustache, comme des ouvertures, parapet sur le monde. Ou bien l’espèce de métamorphose de Djamel Tatah, quatre personnes en pied disposées dans, sur la toile, en taille réelle, chacune sans sa solitude ; de l’une à l’autre, le visage est le même et différent, menant du masculin au féminin ou inversement, selon le mouvement du regard. Ou bien, les grandes surfaces de Jérémy Liron quasi sans rien de représenté, mais ouvrant des espaces tellement grands que même le cadre doit diviser la composition.

D. Tatah, sans-titre (1998)
J. Liron, Paysage 152 (2017)
Pour marque-pages : Permaliens.

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