Marcoville, Lumières célestes

Le Musée de Fourvière accueille Lumières célestes de Marcoville du 1er avril au 1er octobre 2023. L’artiste travaille principalement le verre. L’exposition présente quatre thématiques issues de l’univers religieux, arbres du paradis, anges, madones, poissons. Les différentes pièces ne produiraient pas du tout le même effet si elles étaient isolées. Cela n’est pas vrai seulement pour le banc de plus de 30 000 poissons, qui non seulement convoque la vue mais aussi l’ouïe, lorsque le mouvement fait tinter les plaques de verres toutes différentes. Quant aux anges, ils sont multipliés presque exponentiellement par les projections de lumière naturelle, à travers les vitraux, ou artificielle.

Chaque série scintille d’une myriade de déclinaisons. Ainsi les madones, à partir d’une silhouette identique, sont ici femme voilée ou africaine, Thérèse de l’Enfant Jésus ou Vierge portant l’enfant en son sein ou dans les bras, de tous les pays

Une salle est consacrée à chaque thématique et l’on pourra penser que l’on aura vite fait le tour. Mais il faut davantage s’attendre à une installation. On aurait du coup aimé se promener plus encore dans le jardin aux arbres fructifères pour s’y perdre, se laissant égarer par les couleurs et les formes. Peu à peu opère la magie. On pourra en outre s’interroger sur les techniques employées, découpe, sablage, gravure, assemblage, peinture, etc. L’œuvre de Marcoville demande que l’on fasse durer le mouvement, celui des suspensions ou celui de la déambulation. Alors on ressent un arrachement à devoir quitter la forêt d’Eden et les fruits tous plus désirables les uns que les autres.

Les œuvres ont été pensées pour des églises, pour donner envie d’y entrer. Pourquoi le faudrait-il ? Le divin ou la transcendance se trouverait-il assigné à résidence ? Suffit-il de symboles repérés comme religieux pour parler de Dieu ? Mais quel dieu ? Il en est qui attirent et retiennent dans leurs rets, lorsque le merveilleux enchanteur se découvre effroi sacrificiel.

L’exposition est menée en partenariat avec l’association Amour sans frontière. Une partie des recettes permettra la construction en Afrique de puits et d’écoles, « écol’eau », comme le matériel de récupération dont se sert Marcoville. Alors la féérie de couleurs, de scintillements, de sons et de différences devient service. Le divin se fait serviteur ; c’est l’incarnation qui le sauve : leçon de théologie.

Un reportage fort intéressant.

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