Wind River

Un film de Taylor Sheridan

Etats-Unis – 2017 – 1 h 51.

Brillant scénariste (Sicario de Denis Villeneuve en 1975, Comancheria de David Mackenzie en 2016), Taylor Sheridan écrit et réalise lui-même ce nouveau  thriller, situé dans le territoire indien de Wind River, au coeur des montagnes enneigées du Wyoming.

L’ouverture du film, en parabole biblique, nous plonge immédiatement dans ce que seront la couleur et l’ambiance du film, en nous montrant un troupeau de moutons menacé  par une meute de loups.

Le berger qui prend soin des brebis, ou plutôt le « fixeur » chargé d’abattre les prédateurs carnassiers, c’est Cory Lambert, mal remis de la mort tragique de sa fille, et de la séparation d’avec son épouse. Très vite, il va devenir le guide et le conseiller d’une jeune inspectrice du FBI, arrivée sur ces terres hostiles pour élucider les circonstances de la mort de Natalie, jeune fille indienne retrouvée dans la neige, violée et assassinée.

Le film, auquel on peut reprocher une violence insistante et souvent insupportable (Les cadavres s’accumulent !), trouve son originalité dans la confrontation des mentalités des Américains Indiens, auxquels appartient la victime, aux mentalités des Américains Blancs représentés par Cory Lambert le fixeur, par Jane Banner, l’enquêtrice du FBI, et par les employés de l’exploitation pétrolière située non loin de la scène du crime. L’ambiance du film est celle d’une mort omniprésente, portée par la détresse des parents de Natalie, mais aussi par celle de Cory qui voit resurgir les souffrances d’un deuil jamais totalement surmonté.

Taylor Sheridan donne au personnage du fixeur, devenu auxiliaire de police à son corps défendant, une grande force qui s’exprime aussi bien  dans son physique que dans son mental. Presque toujours revêtu des pieds à la tête d’une combinaison blanche lui permettant de se fondre dans la blancheur immaculée des paysages enneigés, Cory apparaît comme un être pur au milieu d’un environnement hyper violent, dont il ne craindra pas cependant, le moment venu, d’adopter les excès, jusqu’à devenir une sorte d’ange exterminateur.

Jeremy Renner campe magistralement ce personnage tout en retenue, mais qui n’hésitera pas à réveiller son instinct de fixeur, donc de tueur, quand il se trouvera face aux prédateurs humains, loups parmi les loups.

Elizabeth Olsen donne beaucoup de vérité à son personnage de jeune enquêtrice du FBI, plongée dans un monde dont elle ignore toutes les règles, confrontée à des hommes à la gâchette très facile, et chez qui la violence semble être une seconde nature.

Nouvelle référence biblique en fin de film, illustration de la loi du talion, au cours d’un épisode magnifiquement mis en scène, et très poignant.

La scène, tout en douceur, qui termine le film, met côte à côte le Blanc, Cory Lambert, et l’Indien, Martin Hanson, le père de Natalie. Cette séquence délivre un  beau message de résilience, de paix et de fraternité, face aux drames et aux violences vécus par deux père privés à jamais de leurs enfants.

La mise en scène de Taylor Sheridan est très réussie, avec une photographie et un format scope qui soulignent admirablement la beauté, mais aussi l’hostilité des montagnes enneigées du Wyoming.

Le film a reçu le Prix de la mise en scène dans la sélection « Un Certain Regard », lors du Festival de Cannes 2017.

Pierre QUELIN.

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