Le Chemin

Un film de Jeanne Labrune

France – Cambodge – 2017 – 1 h31

Ce chemin, quel est-il, où mène-t-il ? Serpentant au coeur d’une nature magnifique où se mêlent forêt, rivière, ruines de temple, il semble tout à la fois signe de félicité, mais aussi porteur de menaces cachées, et peut-être de véritables dangers. Une barque dérivant au fil de l’eau sans passager à son bord, des ombres humaines fantomatiques qui paraissent habiter les pierres des temples abandonnés, contribuent à ces sentiments de méfiance et de crainte. Ce danger, c’est celui qui inquiète la Mère Supérieure du couvent cambodgien qui accueille Camille, jeune novice française se préparant à la vie religieuse.

C’est sur ce chemin qu’elle emprunte chaque jour pour aller soigner une femme malade, que Camille va croiser Sambath, jeune Cambodgien parfaitement francophone depuis un séjour à Paris. Sambath est marié avec Sorya, très belle femme qui dissimule maladroitement les douleurs de la rechute d’un cancer.

Le film entremêle avec beaucoup de doigté le parcours de Camille qui semble s’ouvrir à l’amour (Un amour forcément interdit), alors qu’elle se trouve en plein discernement religieux, et le parcours de Sambath, manifestement troublé par sa rencontre avec Camille, mais marié et confronté à la maladie et aux souffrances  d’une épouse aimée.

Jeanne Labrune, la réalisatrice, utilise sans ostentation, la beauté des paysages cambodgiens, parfait écrin pour mettre en valeur le cheminement de Camille au moment où semble vaciller son engagement vers la vie religieuse. Même fragilité du côté de Sambath, troublé par sa rencontre avec cette belle jeune femme, et tourmenté par la maladie de son épouse.

Des allusions discrètes aux crimes commis par les Khmers Rouges, contribuent  à bien ancrer le film dans notre temps.

Ce  chemin bien réel, fait de terre et de pierres, c’est donc aussi celui du parcours spirituel que vivent Camille et Sambath dans la foi catholique pour l’une, dans le bouddhisme pour l’autre. Deux êtres de chair, qui semblent constamment accompagnés par les âmes et les esprits de disparus.

Un film tout en douceur, parfois au risque de l’indolence, porté par de remarquables comédiens, Randal Douc dans le rôle de Sambath, et Agathe Bonitzer, dans celui de Camille. Agathe Bonitzer, dont la beauté diaphane s’accorde particulièrement bien avec les sentiments qu’elle ressent depuis sa rencontre avec Sambath.

Un film très réussi, original, esthétiquement beau, et riche d’une solide spiritualité.

Pierre QUELIN.

Pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés