

     Et maintenant Mer intérieure  , nous y retrouvons  la forme du bref  poème en  prose, découpé en courtes phrases, quelquefois réduites à  un mot. Graphisme acéré, nerveux. Avec des audaces formelles, telle :  » A-bout sanguinolent-M-sperme-Our-anus en œil de mouette » .
  Voici le texte liminaire : «Réalité perdue et ces îles qui courent à  l’infini du trait.   »  Mer intérieure évoque Mare nostrum, la Méditerranée, l’Algérie de l’enfance. L’écriture peut-elle redonner le perdu ?
 Nous ne sommes pas dans le registre de la narration, mais plutôt dans celui de la description d’un réel zébré  de sensations et d’images, un réel de haute intensité.
   Paysages à  l’interface  de la géographie et du mental, en référence parfois avec des tableaux (Egon Schiele, Chagall).
   Corps-paysages, avec la crudité du sexuel et de l’organique.
  Crudité, cruauté : «Le sexe. Le plus âgé du corps  Fesses comme nuages et feux  Viscères chatoyantes boivent leur cadavre. » (p. 20)
  Présence très physique du désir.
  A deux reprises, image-choc du viol :
«Ne pas voir, être vu. Violé. » (p.31)
« La couleur du ciel tuméfie. Le toit viole. » (p. 58)
 J’ai interrogé l’auteure à  ce sujet, voici sa réponse : «Violé vient à  la suite d’une déclinaison de voir dans un sens de plus en plus passif. Je dirais que j’ai voulu noter là  un extrême du regard, celui qui fouille une intimité. Qui voit jusqu’au fond, jusqu’aux entrailles. Dans le même ordre d’idée s’inscrit le toit viole parce que d’un toit il est possible de plonger dans l’intérieur des maisons, de scruter. C’est aussi dénoncer pour une part ce que je ressens parfois comme l’ingérence du public dans le privé. »
  Comme dans  Les amants de glaise, présence de la nature du Sud, âpre, colorée, liquide.
«Devant. Routes, horizon et la mer et la grande colline. Le pin » (p.83)
  L’orchidée, l’herbe, l’écume, la grenouille, le serpent, les guêpes
qui sont, d’après l’auteure autant «d’éléments symboliques et complexes Une disponibilité à  l’éphémère. »
Nature mêlée de rêve :
«Vigne inondée. Ce serait  Rizière. » (p.77)
Nature non démêlée du corps de l’amour
« Et sexe rempli de neige où traverser le champ du noir  »  (p.51)
  On peut lire ce livre comme un voyage, avec ses 5 parties : Méduse , Gris, Fleuret, Immobilités, Rizière. La  4ème partie,  Les immobilités, m’apparaît comme le sommet de l’ouvrage,  « une sorte d’aboutissement du voyage » , dit Chantal Danjou.
 « Cet éblouissement ! Un dieu insoutenable. Réalité de l’amour dans le soleil qui aveugle. «  (p.57)
 « L’immobilité après la joie. L’amour ramène aux montagnes.   » (p.61)
 D’ailleurs, cette partie se clôt avec trois textes sur Tipasa, bouclant le voyage sur un lieu d’enfance :
« D’autres étoiles sur la mer. L’eau de pleine lumière.  » (p. 68)
 Il me semble que Chantal Danjou est une auteure tout à  la fois inclassable et incontournable, son ouvrage nous invite à  un univers que l’on n’oublie pas.
La mer intérieure, entre les îles
Mémoire vivante mai 2012
Dessins de Hamid Tibouchi
Geneviève VIDAL pour ACF
En savoir plus :
[->http://www.editionsmemoirevivante.fr/]














 Dans la maison est un film très original. C’est la création de la fiction sous nos yeux ébahis, avec toutes les étapes obligées : le ravissement, la stupeur, l’émotion de se savoir touché, la tension qui monte et nous fait frissonner, les fausses pistes, nos souvenirs et nos espérances, la part de rêve et d’introspection, les rebondissements puis la chute et le dénouement. Un grand plaisir de cinéma et un film envoutant !
Dans la maison est un film très original. C’est la création de la fiction sous nos yeux ébahis, avec toutes les étapes obligées : le ravissement, la stupeur, l’émotion de se savoir touché, la tension qui monte et nous fait frissonner, les fausses pistes, nos souvenirs et nos espérances, la part de rêve et d’introspection, les rebondissements puis la chute et le dénouement. Un grand plaisir de cinéma et un film envoutant !









