« Parlez-vous l’art contemporain? »

« Parlez-vous l’art contemporain ? »

C’est le titre d’un intéressant dossier de la revue Artension de novembre 2009. Pierre Souchaud commence par citer un extrait de la préface de la Biennale de Lyon 2009 qui lui semble emblématique d’une certaine manière de parler l’art contemporain né à  l’aube des années 1970.
« D’efficaces narrativités promptes à  l’échange massifié par l’entremise des médias globalisés, qui perforent utilement, ici et là , pour un temps, l’horizontalité du monde »
Ce texte écrit par le créateur et le directeur de la Biennale de Lyon pour justifier son titre « Le spectacle du quotidien » que l’on peut lire dans son intégralité en le téléchargeant sur le site www.biennalelyon.com , est, dit l’auteur du dossier, « incantatoire et fourre-tout » et permet à  une « classe, caste, cour, réseau, tribu, communauté fermée » de se reconnaître.

Martine Salzman soumet ensuite ce texte à  un implacable décorticage sémiologique, où elle relève une absence totale de simplicité, une pensée en forme de tautologies et de paradoxes comme « la boucle se boucle car le global n’a évidemment pas d’extériorité » ou encore « des proximités paradoxales non cartographiées ». Difficile d’en saisir le point de vue exprimé. Mais, suggère la sémiologue, c’est peut-être une manière pour le directeur de se présenter en artiste. Elle poursuit sa démonstration avec l’enchaînement de concepts dont l’articulation reste obscure : « changer les paradigmes du dedans et du dehors, en déterritorialisant l’un et l’autre, à  l’intérieur du global indépassable »

Autre repérage, un arsenal de références où en deux pages pas moins de 38 noms illustres sont déclinés : Charles Perrault, Wittgenstein, Benedict Anderson, Ampère, Arjun Appadurai, G. Brecht, John Cage, Michel de Certeau, Marcel Duchamp, Paul Ricoeur, etc. Cette écriture est un véritable spectacle où l’on joue à  saute-mouton avec les concepts sans les expliquer ni les lier. Pour terminer, je vous cite encore ce passage : « Un peu plus tard, Arjun Appadurai, au moment même où les interactions globales offrent une chance inédite à  l’expression reformulée du local, décrit la réalité non plus des communautés mais des mondes imaginés : « formes culturelles fondamentalement fractales, c’est-à -dire dépourvues de frontières, de structure ou de régularité euclidienne »
Ces mondes imaginés, nos everyday lifes, sont le résultat d’une congruence de flux en tout genre (« Fluxux internationale Festspiele ») : diasporas, migrations financières, déter ritorialisation de personnes, d’images et d’idées, simultanément recomposées, redistribuées et dispersées par les médias électroniques. De fait, il n’y a plus « de là  là  » (G. Stein) Il y a en revanche des « ici » fluctuants, possiblement partout. » Revue Artension : www.artension.fr
Le service Arts, cultures et foi au vu de cet article s’interroge car la polémique sur la valeur de l’art contemporain ne cesse de mettre aux prises ses partisans qui sont bien souvent des professionnels de l’art et adversaires qui se réclament des jugements du « grand public ». Faut-il profiter de cette Biennale pour poursuivre le débat ? Nous en aviserons en fonction de vos réactions et messages reçus sur notre site.
Gilbert Brun

Le spectacle du quotidien

Le spectacle du quotidien

Tel est le titre de la 10e Biennale de Lyon du 16 septembre au 3 janvier 2009. Le commissaire de cette exposition est Hou Hanru, d’origine chinoise installé à  San Francisco, il a déjà  réalisé une vingtaine de biennales à  travers le monde.
Dans un entretien accordé à  la revue Beaux Arts de ce mois de septembre 2009, Hou Hanru développe sa manière de concevoir son travail artistique. « L’art, dit-il, doit développer la liberté critique, alerter les gens, ne pas figer leur possibilité d’évoluer. Il est ce terrain où la politique se questionne ». L’ambition est vaste. Une de ses grandes forces d’inspiration : les situationnistes et leur soif de changement ainsi que leur capacité à  bouleverser le quotidien.
Voici comment il décrit son projet pour l’espace de La Sucrière qui proposera « une expérience très intense, structurée comme une expérience urbaine. Un espace très intense avec des objets de la ville. Y seront notamment mises en scènes des stratégies d’organisation sociale alternatives, ainsi qu’un regard sur des aspects de la réalité oublié par le milieu artistique, comme le monde du travail ou la migration. On y verra notamment beaucoup de vidéos et de performances réalisées dans la rue »
Près de 60 artistes ont été invités pour cette édition 2009 qui se déploie sur quatre lieux. (Voir le site de la Biennale ci-joint). Quelques chiffres donnent la mesure de l’entreprise : 6,9 M $ pour le budget global, 35% pour le montant des ressources propres et des partenaires privés (groupe Partouche, Grand Casino de Lyon), 147 000 visiteurs lors de la biennale 2007, 12 000m2 de surface d’exposition.
Après la déception provoquée par la dernière édition, le défi sera-t-il relevé cette année ? Gilbert Brun

Adieu Gary

de Nassim Amaouche

France, 1h15, 2009.
Festival de Cannes 2009, grand prix de la Semaine de la critique.

Sortie en France le 22 juillet 2009.

avec Yasmine Belmadi, Jean-Pierre Bacri, Dominique Reymond, Sabrina Ouazini.

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« La musique. Une voie spirituelle »

« La musique. Une voie spirituelle ? »

La revue Christus nous propose pour ce temps de vacances un dossier consacré à  la musique comme voie spirituelle, comme « lieu spirituel », car elle offre la possibilité d’ouvrir à  plus grand qu’elle.
Un article donne un aperçu de la chanson contemporaine qui sait souvent admirablement capter quelque chose de l’air du temps. « Il y a des chansons pour toutes les heures, pour toutes les humeurs, pour toutes les circonstances » nous rappelle cette citation de Boris Vian.
Pascal Sevez, directeur d’établissement scolaire connait bien les jeunes et leur rapport à  la musique. Il nous en rend compte dans son article « Rock,rap, slam », notant en particulier l’engouement pour cette nouvelle manière de mettre « des mots pour dire ce qui est à  clamer au monde »
« De la musique en prison » par une musicothérapeute à  Fleury-Mérogis, puis à  Fresnes nous partage vingt-trois ans d’une longue et riche expérience.
Si la musique peut être voie spirituelle, c’est parce qu’elle se fonde sur l’écoute, développe Philippe Charru qui cite St Paul « La foi vient de l’écoute » (Rm 10, 17). Travail d’ascèse qui « dessaisit son oreille de ses repères familiers, l’émonde de ses exigences crispées et la ramène avec douceur à  sa capacité native de se laisser surprendre et étonner ».
Etonnant est cet article qui nous invite à  une lecture spirituelle du Concerto pour violon d’Alban Berg, nous en proposant la lecture à  l’aide d’un plan.
Après une présentation de compositeurs contemporains, le propos s’oriente vers les chants liturgiques, rappelant les exigences qu’il convient pour « faire grandir l’âme » avec une attention toute particulière au contenu et la qualité des textes chantés. Le diagnostic suivant est encore bien souvent d’actualité : « Nous ne sommes sans doute pas encore sortis d’un temps, où imitant de bonne foi les procédés et l’art de la variété, on a privilégié des mélodies qui flattent la subjectivitéau détriment d’une réelle profondeur musicale et spirituelle »

En ce temps de vacances qui est aussi invitation à  « fuir la possession sonore » face au trop plein du bruit du monde, emportez avec vous ce numéro de Juillet 2009 de la revue Christus, il vous permettra de faire résonner en vous la question « Qu’y a-t-il donc à  entendre pour vivre ? ».Nourrissez vous du silence et bon été à  l’écoute de vos musiques préférées !
Gilbert Brun

Revue Christus 14, rue d’Assas 75006 Paris Tél : 0144394804 www.revue-christus.com