CINEMA : Pour un instant, la liberté

de Arash T. Riahi

France/Autriche, 1h50, 2008.
Festival du film d’histoire de Pessac : prix du jury et prix du public, Grand prix au Festival de Manaus, meilleur film au Festival de Vienne (Autriche), Golden Eye au Festival de Zurich.

Sortie en France le 28 janvier 2009.

avec Navid Hakavan, Pourya Marhyari, Karam Rad

Passant clandestinement les frontières au péril de leur vie, chaque jour dans le monde, des réfugiés demandent le droit d’asile, souvent dans l’indifférence la plus totale. Un film qui fait courageusement entendre leurs voix.

liberte3.jpgCes dernières décennies, le nombre des réfugiés dans le monde n’a cessé de grossir : guerres, famines, exclusions diverses, politiques ou religieuses, hommes, femmes, en famille ou individuellement, traversent illégalement les frontières pour échapper à  un quotidien infernal. Au risque de leur vie et de représailles sur leurs proches, ils payent très cher un voyage dangereux, éprouvant et sans retour. Parce qu’il fut un jour l’un d’eux, le réalisateur d’origine iranienne, Arash T. Riahi a voulu rendre hommage à  ceux qui acceptent de perdre leur passé pour un avenir souvent hypothétique. Car une fois passés les dangers physiques de la traversée de montagnes, de déserts, de mers ou autre étendue géographique, il leur faut ensuite affronter l’indifférence égoïste de l’Occident et la lourdeur cruelle des administrations nationales et internationales. Pouvoir parler librement devant ses proches, exercer sa religion sans craindre pour sa vie, écrire un roman sans envoyer sa mère à  la torture, mettre ses enfants à  l’abri de la tyrannie ou simplement embrasser sa femme dans la rue, voilà  qui motivent des millions d’individus à  quitter leur pays au risque d’en mourir ou de perdre leur âme.

liberte2.jpgA travers le parcours d’une dizaine de personnages, tous inspirés de faits réels mais joués par des comédiens, Pour un instant, la liberté donne un visage et une réalité à  ceux qui ne sont que des ombres au journal télévisé lorsque, confortablement installé dans notre quiétude européenne, leur mort tragique nous est brièvement évoquée. Ici, il s’agit surtout des ces Iraniens qui traversent les montagnes du sud pour demander l’asile en Turquie. On voyagera en compagnie d’Ali et de Merad, 7 et 5 ans, qui font le voyage avec leurs cousins pour rejoindre leurs parents en Allemagne et on rencontrera en route une famille discrète, un Kurde jovial qui rêve de belles voitures, un vieil homme opposant au régime. Mais aussi des passeurs généreux, des hôteliers cupides, des Européens indifférents ou impliqués, des fonctionnaires cruels et d’autres simplement démunis. Bref, tout un monde qu’on ignore généralement. Le film est prenant, palpitant par moments lorsqu’un passage de frontière fait monter l’angoisse. On s’attache vite à  ces individus et on partage, avec beaucoup d’émotion, leur souffrance mais aussi leurs moments de joie. Tous n’arriveront pas à  bon port mais on peut espérer que le sacrifice de quelques uns permettra à  d’autres un avenir meilleur dans un monde plus fraternel. Filmé sans pathos, le film d’Arash T. Riahi nous secoue, de façon salutaire, dans notre torpeur de nantis.

Pour en savoir plus sur la situation des réfugiés dans le monde et sur les actions qui peuvent les aider, on peut consulter le site du Haut commissariat aux réfugiés
ou celui de l’association française Forum réfugiés

Magali Van Reeth

Signis France

Pour marque-pages : Permaliens.

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